Cycle Lost in transmission

Au sein de la famille, la trans­mis­sion tient par un fil fragile. Il peut se rompre, se distendre, s’emberlificoter lors des sépa­ra­tions, des décès, des mala­dies… Le silence, le refus de trans­mettre ou encore les barrières linguis­tiques accen­tuent la vulné­ra­bi­lité de ce fil qui lie les géné­ra­tions entre elles. Sous l’effet de la distance géogra­phique, linguis­tique, sociale et cultu­relle, la migra­tion est parti­cu­liè­re­ment propice à la forma­tion de généa­lo­gies à trous qui malmènent les filia­tions, quand ce n’est pas le désir de sépa­ra­tion lui-même qui peut motiver le départ.

Au-delà du cercle fami­lial, ces discon­ti­nuités se font aussi parfois l’écho de boule­ver­se­ments plus larges, à l’échelle d’un terri­toire, d’une séquence histo­rique ou d’un phéno­mène social parti­cu­liè­re­ment fragi­li­sant. C’est le cas des migra­tions post­co­lo­niales où le non-dit des rapports de pouvoir au sein des anciennes colo­nies parti­cipe à la consti­tu­tion de ces « lost in trans­mis­sion ».

Animée par un ques­tion­ne­ment iden­ti­taire ou le désir de faire parler un secret de famille, la quête de ces mémoires perdues est un thème de cette édition du festival. De l’Allemagne de l’Est au Togo, du Brésil à l’Algérie, de la Pologne à la Grande-Bretagne, des États-Unis au Mexique, de la France à l’Algérie — qu’im­portent les géogra­phies fami­liales —, les person­nages traversent les mêmes situa­tions inter­gé­né­ra­tion­nelles de non-dits, de frot­te­ments ou de conflits.

Parce qu’il permet de recons­ti­tuer ou de faire vivre la généa­logie, le retour à la source de la mémoire fami­liale est un temps fort de ces films. La quête se fait alors décou­verte. Décou­verte d’un village où les habi­tants se souviennent de celui ou de celle qui un jour est parti. Décou­verte d’un lieu de travail et d’une socia­bi­lité popu­laire rappe­lant les soirées nostal­giques. Décou­verte d’une culture fami­liale éloi­gnée de celle que l’on avait idéalisée.

I’m leaving Now 

Réalisé par Lindsey Cordero et Armando Croda 

Inédit 

Mexique-USA, 2018, 1h14, docu­men­taire-fiction, Cinemaguild

Après 16 ans passés à vivre de petits boulots à New York, un Mexi­cain sans papier s’apprête à retourner dans son pays pour retrouver sa femme et ses enfants. Comment recons­truire des liens avec des proches qui, au fil du temps, sont devenus des inconnus ? Telle est la ques­tion que se pose Felipe sous son grand sombrero dans les rues de Brooklyn. Mais si l’esprit est tourné vers le Mexique, la vie, elle, se trouve aux États-Unis.

Samedi 20 nov. 2021, 14h00 
Centre des colloques, Campus Condorcet, Aubervilliers 

En présence de Laurent Faret, profes­seur en géogra­phie. Ses recherches portent sur les poli­tiques migra­toires en Amérique latine. Il a notam­ment travaillé sur les espaces trans­na­tio­naux entre le Mexique et les États-Unis.

Becoming Black 

Réalisé par Ines Johnson-Spain 

Inédit 

Espagne-Alle­magne, 2019, 1h31, docu­men­taire, VOSTFR, Rush­lake Media GMBH

Dans les années 1960, un couple blanc d’Allemagne de l’Est dit à son enfant à la peau foncée que sa couleur de peau est pure­ment fortuite et que cela n’a aucune impor­tance. Le déni est absolu, jusqu’à ce que la jeune femme, leur fille, découvre acci­den­tel­le­ment la vérité. Dans cet essai auto­bio­gra­phique sur un sujet complexe et doulou­reux, la réali­sa­trice Ines Johnson-Spain part pour un voyage généa­lo­gique, à recherche de sa propre identité.

Samedi 20 nov. 2021, 18h00 
Centre de colloques, Campus Condorcet, Aubervilliers 

En présence d’un.e fellow de l’Institut Conver­gences Migrations.

I never cry 

Réalisé par Piotr Domalewski 

Avant-première 

Pologne-Irlande, 2020, 1h38, fiction, VOSTFR, Wide Management

Ola, 17 ans, part en Irlande pour ramener en Pologne le corps de son père, victime d’un acci­dent de chan­tier. Toujours absent quand elle aurait pu avoir besoin de lui, elle espère surtout récu­pérer la somme d’argent qu’il lui avait promis pour acheter une voiture. Rien ne se passera comme prévu et elle devra mener une enquête auda­cieuse pour arriver à ses fins. Le récit d’un voyage initia­tique qui traduit avec beau­coup de sensi­bi­lité les émotions secrètes d’une jeune femme en devenir.

Samedi 20 nov. 2021, 20h30 
Centre de colloques, Campus Condorcet, Aubervilliers 

En présence de Linda Haapa­järvi, post­doc­to­rante en socio­logie. Elle travaille actuel­le­ment sur les ques­tions de trans­mis­sions fami­liales en migra­tion, notam­ment à l’occasion de la mort de l’immigré.e.

Leur Algérie 

Réalisé par Lina Soualem 

France-Algérie-Suisse-Qatar, 2020, 1h12, docu­men­taire, JHR

Après 62 ans de mariage, les grands-parents de Lina, Aïcha et Mabrouk, ont décidé de se séparer. Ensemble, ils étaient venus d’Algérie à Thiers, une petite ville indus­trielle au centre de la France, il y a plus de 60 ans. Ensemble, ils ont traversé cette vie chao­tique des travailleur.euse.s immigré.e.s, et aujourd’hui, la force qu’ils ont si long­temps partagée semble avoir disparue. Pour Lina, cette sépa­ra­tion est l’occasion de ques­tionner leur long voyage d’exil et leur silence.

Dimanche 21 nov. 2021, 11h00 
Cinéma L’Escurial, Paris 

En présence de Jennifer Bidet, maîtresse de confé­rences en socio­logie. Elle travaille sur les ques­tions de trans­mis­sion au sein de familles d’origine algérienne.

Dimanche 21 nov. 2021, 16h00 
Cinéma Le Concorde, Mitry Mory 

En présence de Florence Lévy, post­doc­to­rante en anthro­po­logie. Ses recherches portent actuel­le­ment sur les trans­mis­sions inter­gé­né­ra­tion­nelles dans l’im­mi­gra­tion issue du Maghreb.

Lundi 22 nov. 2021, 20h30 
Cinéma Alhambra, Calais 

En présence d’un.e fellow de l’Institut Conver­gences Migrations.

Cette projec­tion est orga­nisée en parte­na­riat avec La Ligue de l’en­sei­gne­ment (Nord-Pas-de-Calais).

Marin des montagnes 

Réalisé par Karim Aïnouz 

Avant-première 

Brésil-France-Alle­magne, 2021, 1H38, docu­men­taire, The Match Factory

Janvier 2019. Karim Aïnouz, brési­lien, décide de traverser la Médi­ter­ranée en bateau et d’en­tre­prendre son tout premier voyage en Algérie. Accom­pagné de sa caméra et du souvenir de sa mère Iracema, il livre un récit détaillé du voyage vers la terre natale de son père ; de la traversée de la mer à son arrivée dans les montagnes de l’Atlas en Kabylie jusqu’à son retour, entre­mê­lant présent, passé et futur. Road-movie à la recherche des racines et de l’héritage de la lutte pour l’indépendance contre la domi­na­tion colo­niale française.

Mardi 23 nov. 2021, 17h30 
Cinéma Le Trianon, Romainville 

En présence d’Irène Dos Santos, chargée de recherches en anthro­po­logie. Elle travaille sur l’espace de la « Luso­topie », elle s’intéresse parti­cu­liè­re­ment aux « brumes de la mémoire » de l’exil migra­toire dans son rapport au passé colonial.

Cette projec­tion est orga­nisée en parte­na­riat avec le festival du Film Franco Arabe de Noisy-le-Sec.