On se souvient de l’image diffusée le 2 septembre 2015 du petit Alan Kurdi mort, échoué sur une plage turque. Largement reprise par la presse dans le monde entier, l’mage suscite de nombreuses réactions. Dès le 3 septembre, François Hollande et Angela Merkel se prononcent pour un « mécanisme européen permanent et obligatoire » d’accueil des migrants. Le 5 septembre, des milliers de manifestants se rassemblent en France en soutien aux réfugiés. Si la tragédie de cette image a suscité et suscite encore de vives émotions, elle nous convie à un temps de recul sur l’enfance et la jeunesse en exil car nombreux sont les enfants sur les routes.
La sélection du festival propose de suivre des enfants et adolescents tout au long de leur parcours migratoire, de leur recherche d’une place au sein de la société d’accueil et de l’évolution de leurs relations au pays d’origine. Ces itinéraires peuvent être menés en famille, comme dans Midnight traveler et Any day now, qui met des réfugiés afghans sur le chemin de l’exil vers l’Occident. Partir en famille n’est cependant pas une protection contre l’isolement. Dans Los Lobos, c’est une mère seule qui quitte le Mexique pour les États-Unis accompagnée de ses deux petits garçons. Confinés dans une pièce d’un appartement, ils s’inventent des mondes imaginaires. À 12 ans, Ghorban est, quant à lui, seul lorsqu’il quitte sa famille en Afghanistan pour gagner la France. Pendant huit ans, les réalisateurs de Cœur de pierre le filment grandir, obtenir son statut de mineur non accompagné (MNA) et devenir un jeune homme capable de retourner en Afghanistan.
Au-delà de la diversité des itinéraires, un fil rouge traverse l’ensemble de ces films : ce que l’exil fait à l’enfance. Malgré leur grande résilience, les enfants ne sortent jamais indemnes du parcours migratoire qui les fait grandir beaucoup trop vite, passant en peu de temps à l’âge adulte.
Programme
Cycles


Cœur de pierre
Réalisé par Olivier Jobard
France, 2019, 1h29, documentaire, Andana film
Après un périple éreintant de plusieurs années depuis son Afghanistan natal, Ghorban est arrivé en France. Seul et clandestinement, à l’âge de douze ans. Claire Billet et Olivier Jobard l’ont suivi pendant huit ans. Ils ont filmé son passage de l’enfance à l’âge adulte rythmé par ses entretiens avec son psychologue et son long parcours de demandeur d’asile. Petit à petit, l’enfant au vécu d’adulte va apprivoiser les cauchemars d’un passé fait d’abandons et de pauvreté et définir son identité, entre l’Afghanistan et la France.
Jeudi 18 nov. 2021, 15h30
Centre de colloques, Campus Condorcet, Aubervilliers
En présence d’Andrea Tortelli, docteure en psychiatrie. Elle s’intéresse aux troubles psychiatriques associés à la précarité des demandeurs d’asiles.

Midnight traveler
Réalisé par Hassan Fazili
USA-Qatar-Royaume-Uni-Canada, 2019, 1h27, documentaire, Dulac Distribution
Lorsque les Talibans mettent sa tête à prix, le réalisateur Hassan Fazili est contraint de fuir son pays avec sa femme et ses 2 filles. Commence alors un périple incertain et dangereux. Pendant 3 ans, il filme sa famille et leur vie d’attente et de peur. Avec son téléphone portable, il filme la lutte quotidienne qu’est devenue leur existence, ses filles qui grandissent dans des camps de transit, et l’amour qui les unit. Il filme pour ne pas être oublié. Il filme pour ne pas devenir fou.
Jeudi 18 nov. 2021, 20h30
Cinéma L’Escurial, Paris
En présence de Maria Alcala, doctorante en information–communication. Elle travaille sur l’usage des TICs en situation de migration dans le cadre d’études visuelles.
Vendredi 19 nov. 2021, 20h30
Centre de colloques, Campus Condorcet, Aubervilliers
En présence de Giulia Scalettaris, maîtresse de conférences en anthropologie. Ses travaux portent essentiellement sur l’organisation de l’accueil des réfugiés venant d’Afghanistan en Europe.
Samedi 20 nov. 2021, 14h00
Espace Georges Conchon, Clermont-Ferrand
En présence de Laure Sizaire, doctorante en étude du genre. Ses travaux portent notamment sur l’émigration privilégiée et les intimités transnationales. Elle est également réalisatrice de films documentaires.
Cette projection est organisée en partenariat avec Images Migrantes du réseau Traces

Any day now
Réalisé par Hamy Ramezan
Avant-première
Finlande, 2020, 1h22, fiction, Urban Distribution
Venue d’Afghanistan, la famille de Ramin, 13 ans, vit au cœur de la Finlande dans un camp en attendant l’acceptation de sa demande d’asile politique. Le garçon vit sa vie d’adolescent au collège, avec ses copains, au fil de ses premières émotions amoureuses. Sur cette vie, somme toute banale, plane l’ombre de l’attente et de la crainte d’une décision négative. Après un dernier recours, la famille se voit refuser sa demande d’asile. Chaque moment d’insouciance s’avère alors précieux.
Vendredi 19 nov. 2021, en matinée [réservé aux scolaires]
Cinéma Alhambra, Calais
En présence d’Audran Aulanier, doctorant en sociologie qui travaille sur la vie quotidienne des migrants et leur expérience de l’attente.
Vendredi 19 nov. 2021, 20h30
Cinéma Alhambra, Calais
En présence d’Audran Aulanier, doctorant
en sociologie qui travaille sur la vie quotidienne des migrants et leur expérience de l’attente.

Los Lobos
Réalisé par Samuel Kishi Leopo
Avant-première
Mexique, 2020, 1H35, fiction,VOSTRF, Bodega films
Max, 8 ans et Leo, 5 ans quittent le Mexique pour les Etats-Unis avec leur mère Lucia à la recherche d’une meilleure vie. Ils passent leurs journées à l’intérieur d’un petit appartement en attendant le retour de leur mère qui travaille sans relâche. Lucia leur fait la promesse de les emmener à Disneyland, rêve auquel ils s’accrochent durant leurs longues journées de solitude.
Mardi 23 nov. 2021, 20h00
Cinéma Espace 1789, Saint-Ouen
En présence de Paola Diaz Ize postdoctorante en sociologie. Elle travaille notamment sur la frontière entre le Mexique et les États-Unis, la violence politique qui s’y exerce, les disparitions et morts de migrants sur cet espace.