De facto n°29 | Décembre 2021

29 | Décembre 2021 

Penser les migrations à la lumière du pouvoir d’agir

L’empo­werment, en fran­çais renfor­ce­ment du pouvoir d’agir, est un processus au cours duquel, par la parti­ci­pa­tion et le soutien entre pairs, les groupes opprimés déve­loppent une conscience sociale et critique leur permet­tant de prendre conscience de leur pouvoir et de leur capa­cité d’action. Cette approche est parti­cu­liè­re­ment perti­nente pour les immi­grés en butte aux diffi­cultés de l’arrivée dans un nouveau pays. Ces personnes pleines de ressources sociales et person­nelles, sans lesquelles elles n’auraient pas réussi à partir de leur pays, sont parfois confron­tées à des situa­tions diffi­ciles pendant leur trajec­toire migra­toire qui entravent leur capa­cité d’agir. Trouver au sein de collec­tifs les éléments pour trouver ou retrouver l’estime de soi, acquérir les connais­sances ou compé­tences néces­saires pour tracer son chemin dans le pays d’accueil, faire entendre sa voix et se sentir légi­time à le faire, tous ces ingré­dients de l’empowerment parti­cipent de la rési­lience face aux diffi­cultés de la migra­tion. Cepen­dant, en France, ce concept encore peu utilisé dans le champ des migrations.

Ce numéro de De facto propose un coup de projec­teur sur le concept d’empo­werment dans la recherche sur les migra­tions. Marie-Hélène Bacqué revient sur l’histoire de ce terme et montre que, loin de l’interprétation réduc­trice qui a pu en être faite dans les orga­nismes inter­na­tio­naux, il a une portée éman­ci­pa­trice féconde pour penser l’immigration. Ales­sandro Monsutti en décrit les méca­nismes dans les stra­té­gies de migrants afghans, via la notion d’agentivité. Iris Zoumenou, membre de l’association Afrique Avenir, explique, quant à elle, comment le fait de co-construire une recherche permet aux asso­cia­tions commu­nau­taires et aux cher­cheurs un renfor­ce­ment mutuel des capa­cités d’agir. Lama Kabbanji, via une émis­sion radio­pho­nique, donne à entendre des récits de travailleurs étran­gers riches de capa­cités singu­lières et d’agir. Enfin Karna Couli­baly et Andrai­nolo Rava­li­hasy, à partir d’une analyse de la base de données biblio­gra­phiques Scopus, montrent que la mobi­li­sa­tion de la notion de pouvoir d’agir dans les articles sur les migra­tions est en plein essor au niveau international.

Annabel Desgrées du Loû et Anne Gosselin,
Coor­di­na­trices scien­ti­fiques du numéro

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