L’ICM est partenaire de la 42ème édition du Festival international Jean Rouch

France, 2022, 81 min

À l’ombre de la Répu­blique, dans le vacarme des dialectes, des anonymes fran­chissent inlas­sa­ble­ment les fron­tières de l’altérité. Nadesh, Chérif et Anamiga font partie de ces inter­prètes innom­brables qui, chaque jour, racontent à la première personne l’exil et la préca­rité. Leurs voix tissent un lien invi­sible entre l’ici et l’ailleurs, entre le monde des vivants et les ténèbres de la condi­tion migra­toire, qu’ils ont pour la plupart eux-mêmes traver­sées. Sans eux, le dialogue serait impos­sible. Il ne reste­rait que des mots inau­dibles, des murmures, des râles, des cris, des prières. Et fina­le­ment rien, rien qu’un silence assourdissant.

En présence de la réali­sa­trice Raphaële Benisty, animée par Maxime Mare­chal, docto­rant univer­sité Paris-Cité, thèse en socio­lin­guis­tique sur l’in­ter­pré­ta­riat, fellow de l’ICM.

France, 2022, 88 min

« J’ai entre­pris avec mes grands-parents Colette et Justin un voyage dans le temps, à l’intersection de notre récit fami­lial et de l’histoire de la déco­lo­ni­sa­tion du Congo. Justin fut l’un des premiers séna­teurs après l’indépendance. Quant à Colette, après l’arrivée de Mobutu au pouvoir, elle a dû travailler sur les marchés. Puis ce fut l’exil à Paris. Au fil de ces conver­sa­tions, nour­ries de photos de familles, d’archives d’actualités belges, d’images de Paris et de Kinshasa, nous revi­si­tons nos singu­lières trajec­toires respec­tives. » (Alain Kassanda)

En présence du réali­sa­teur Alain Kassanda, animée par Sarah Frioux-Salgas, histo­rienne, respon­sable des archives du musée du quai Branly-Jacques Chirac.

Belgique, 2022, 73 min

Six ans en exil à Bruxelles, 948 dialyses, 3792 heures, 2000 piqûres, Meruzhan, Armé­nien, compte beau­coup de choses ! En atten­dant une trans­plan­ta­tion, et pour tenir debout, il ne cesse de recons­truire le Mont Ararat pour nous faire décou­vrir ce qu’était son horizon loin­tain. La légende biblique du déluge touche à son univer­sa­lité. Entre récit mythique et réalité bureau­cra­tique absurde, le film retrace le combat pour la vie de Meruzhan et de ses trois compa­gnons de route, Nedzhib, Ardiana et Dranafil. Armés d’un humour déran­geant et d’une amitié sans faille, ils sont unis. La mort, ils en rient.

En présence du réali­sa­teur Chris Pellerin, animée par Lamia Missaoui, profes­seure de socio­logie, UVSQ, Labo­ra­toire PRINTEMPS et codi­rec­trice du dépar­te­ment Health/​Institut Conver­gences Migrations.

France, Syrie, Qatar, 2022, 103 min

Tourné à Alep entre les premières mani­fes­ta­tions de 2011 et l’évacuation de la ville assiégée en 2016, le film retrace le parcours personnel du cinéaste, à la fois acteur et témoin d’une révo­lu­tion impos­sible en Syrie. Il explore le dilemme de rester ou partir, les consé­quences de ce choix et la préser­va­tion de son iden­tité face au chaos de la guerre. Le film offre une pers­pec­tive honnête et clair­voyante qui éclaire la tragédie syrienne ainsi que toute expé­rience de destruction.

En présence du réali­sa­teur Karim Serjieh, animée par Vincent Guigueno, histo­rien et conser­va­teur du patri­moine, direc­teur adjoint du DRE, musée du quai Branly – Jacques Chirac.

Nepal, 2022, 70 min

En 2009, quatre jeunes Népa­lais sont recrutés dans leur village pour aller travailler sur les chan­tiers du Golfe. Ce film retrace le parcours de Dhanbir, Bhoj, Prem BK et Nabin, déjà présents dans un précé­dent docu­men­taire du même auteur, In Search of the Riyal (2009). Il suit, sur une période de 12 années, la vie de ces migrants, rela­tant le début de leur migra­tion, leurs espoirs initiaux, leurs désillu­sions mais aussi parfois leur acces­sion à l’autonomie. Ces quatre trajec­toires éclairent avec nuance le phéno­mène massif de la migra­tion népa­laise, qui concerne près de la moitié des hommes de moins de quarante ans, leurs envois de fonds repré­sen­tant environ 30 % du PIB du Népal.

En présence du réali­sa­teur Kesang Tseten, animée par Tristan Bruslé, géographe, codi­rec­teur du Centre d’études sud-asia­tiques et hima­layennes – Cesah.

Italie, 2022, 67 min

Chaque année ils sont des milliers à tenter de rejoindre l’Europe à pied par la route des Balkans qui relie l’Asie à l’Europe. Ceux qui ont un peu d’argent s’en remettent souvent à des passeurs. Les autres jouent un « jeu » dange­reux consis­tant à essayer de traverser les fron­tières en passant par les forêts, en se cachant sous les camions ou les trains de marchan­dises pour échapper à la police des fron­tières, à la violence et au renvoi dans leur pays. Du port de Patras, en Grèce, aux forêts proches de la ville fron­ta­lière de Šid en Serbie, des usines aban­don­nées du canton bosniaque d’Una Sana aux places publiques de Trieste, le film parcourt les hots­pots (points d’enregistrements) des migrants en transit. Les diffé­rentes histoires et tech­niques narra­tives (tour­nage, anima­tion et found footage), qui se croisent amènent le spec­ta­teur à ressentir les expé­riences tant de rési­lience que d’espoir qui sont vécues dans ce contexte de dénue­ment et de violence produit par le système fron­ta­lier européen.

En présence des réali­sa­teurs et de Betty Rouland, géographe, post­doc­to­rante, coor­di­na­trice scien­ti­fique du dépar­te­ment HEALTH, Institut Conver­gences Migrations.