De facto n°12 | Octobre 2019

12 | Octobre 2019 

Les femmes sont-elles des « travailleurs immigrés » comme les autres ? 

Malgré une prise en compte crois­sante des femmes dans les études sur les migra­tions, la migra­tion de travail reste bien souvent asso­ciée à la figure mascu­line du « travailleur immigré ». Ce numéro de De facto a pour ambi­tion de traiter des diffé­rentes dimen­sions du rapport au travail des femmes migrantes, qui sont encore trop souvent réduites aux statuts d’accompagnatrice, d’épouse et de mère de famille.

Le travail de l’historienne Linda Guerry éclaire un point aveugle de l’histoire ouvrière en reve­nant sur les grèves orga­ni­sées par les ouvrières étran­gères des fila­tures marseillaises dans les années 1920. Hélène Le Bail évoque les mobi­li­sa­tions des travailleuses du sexe chinoises dans le quar­tier de Belle­ville à Paris, et la diffi­culté pour le public d’envisager que ces mani­fes­ta­tions puissent résulter d’une action auto­nome et volon­ta­riste de la part de ces femmes. La divi­sion sexuée du marché du travail est abordée par Florence Levy. Elle montre que les travailleuses qu’elle a rencon­trées dans le cadre de sa recherche sur les migra­tions des Chinois du Nord ont été orien­tées, à leur grand désarroi, vers des métiers asso­ciés à une fémi­nité « natu­ra­lisée ». Daphné Caillol revient sur le film docu­men­taire qu’elle a réalisé sur les travailleuses domes­tiques Philip­pines en Jordanie. Elle analyse l’importance de l’image filmée pour rendre compte des tensions entre la sensa­tion d’enfermement d’un statut migra­toire précaire et la volonté d’affirmation de ces travailleuses migrantes.

Sara Casella-Colom­beau, respon­sable scien­ti­fique du numéro