3 | Janvier 2019
La migration est aussi une affaire de mots
L’acte de nommer n’est jamais simple. Quand on parle des millions de gens qui quittent leur pays pour s’installer ailleurs, faut-il dire migrants, exilés, réfugiés ou immigrants ? Le chercheur sur les migrations s’interroge : parce que les mots désignent et catégorisent, la question du vocabulaire est éminemment politique.
Dans notre rubrique Paroles de Chercheurs, le sociologue Stéphane Dufoix nous explique pourquoi il faut se méfier des mots chausse-trapes. Le choix du vocabulaire sur l’altérité, les relations interethniques ou l’immigration en dit autant sur celui qui parle que sur le sujet qu’il aborde. Karen Akoka, historienne en sciences politiques, nous présente dans une courte vidéo les enjeux politiques de la distinction juridique entre réfugié et migrant, notamment à travers l’histoire de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Pour ceux qui soutiennent les immigrants, et que nous présente la spécialiste des sciences du langage Marie Veniard dans la rubrique Sur Le Terrain, le choix des mots est une forme de lutte à part entière. Le langage adopté marque leur rattachement au groupe autant que l’apprentissage des techniques d’action ou la maitrise de la ligne de pensée. Nommer, c’est aussi représenter la migration graphiquement. Elsa Gomis, doctorante à la School of Art, Media, and American Studies de l’Université d’East Anglia, interroge la cartographie traditionnelle sur les déplacements migratoires dans notre rubrique En Images.
Pour aller plus loin, l’historien Antonin Durand, présente la page dédié au vocabulaire dans le programme AsileuropeXIX sur les politiques d’asile à l’égard des exilés politiques dans l’Europe du XIXe siècle. Vous retrouverez également notre revue de presse mensuelle des grands entretiens et grandes enquêtes publiés sur les migrations. Bonne lecture de ce nouveau numéro de la revue De facto de l’Institut des Migrations !