Simeng Wang, sociologue, chargée de recherche au CNRS et fellow de l’ICM, est intervenue sur France Inter afin de présenter une étude sur l’expérience du racisme et des discriminations des personnes originaires d’Asie de l’Est et du Sud-Est en France dont elle est co-auteur.
« Il y a d’abord un mythe de ”minorité modèle”, qui empêche les personnes d’origine asiatique de dénoncer ce phénomène », avance Simeng Wang.
Par ailleurs, cet étude qualitative montre que le racisme anti-asiatique présente des mécanismes similaires aux autres formes de racisme mais aussi des spécificités. « La première c’est la banalisation et le caractère ordinaire de ces traitements différenciés, notamment à travers l’humour, les blagues, y compris au sein des relations sociales de proximité (entre collègues ou entre amis). La deuxième c’est le faible taux de recours et de réactions : les personnes d’origine asiatique réagissent relativement moins par rapport à d’autres minorités, et ils recourent moins à leur hiérarchie ou au droit. »
Selon Simeng Wang cette deuxième caractéristique peut s’expliquer par deux facteurs : « Il y a d’un côté le facteur culturel : cette partie de l’Asie (de l’est et du sud-est) est sous influence du confucianisme ; et de l’autre un facteur social qui renvoie souvent aux conditions matérielles en migration. Il y a notamment des entraves linguistiques, administratives, etc. C’est pour cela que les primo-arrivants font encore moins de recours que les descendants. »
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