« La pression migratoire est liée à la multiplication des conflits mondiaux, et ce n’est pas tel ou telle responsable de parti français qui pourra les régler » détaille François Héran, Libération, 2 mars 2023

Fran­çois Héran, Profes­seur au Collège de France et président de l’Ins­titut Conver­gences Migra­tions, a été inter­viewé dans Libé­ra­tion à l’oc­ca­sion de la paru­tion de son ouvrage le 3 mars Immi­gra­tion : Le grand déni (coll. La Répu­blique des idées, Seuil, 2023).

Dans cet entre­tien, Fran­çois Héran analyse les poli­tiques mises en place par l’État et le peu d’in­fluence que ces dernières ont sur les flux migra­toires : « L’idée qu’on pour­rait, avec un surcroît de fermeté, imposer une « réduc­tion dras­tique » des flux dans toutes ces caté­go­ries est un déni de réalité. De façon géné­rale, le poli­tique sures­time sa capa­cité à maîtriser l’im­mi­gra­tion : la pres­sion migra­toire est liée à la multi­pli­ca­tion des conflits mondiaux, et ce n’est pas tel ou telle respon­sable de parti fran­çais qui pourra les régler. »

Par ailleurs, il réagit au projet de loi « Immi­gra­tion et inté­gra­tion » actuel­le­ment présenté au Sénat : « C’est raisonner à courte vue, car si l’on ferme toute voie de régu­la­ri­sa­tion, cela augmen­tera le nombre d’ir­ré­gu­liers en France au lieu de le réduire, et ce au détri­ment de l’ordre public qu’on prétend défendre. Cela vaut pour les personnes travaillant de longue date en France, mais aussi pour les jeunes qui décrochent un CAP ou un BTS, trouvent un emploi, donnent satis­fac­tion à la commu­nauté locale, jusqu’au jour où une OQTF (obli­ga­tion de quitter le terri­toire fran­çais) vient tout briser. Cette poli­tique de contre-inté­gra­tion n’a aucun sens. »

Enfin, Fran­çois Héran revient sur le mythe d’une France qui serait trop attrac­tive : « Un test révé­la­teur est le compor­te­ment des citoyens de l’Union euro­péenne qui peuvent s’installer libre­ment en France. Le résultat est cruel : L’Allemagne, le Luxem­bourg, la Belgique, etc. attirent bien plus les Euro­péens en propor­tion. Nous figu­rons seule­ment au tren­tième rang du clas­se­ment. […] Il ne suffit pas de cultiver une image de pays accueillant, il faut l’entretenir par une poli­tique active et tenir son rang. »

L’en­tre­tien est à retrouver dans Libé­ra­tion paru le 2 mars :