PUBLI : Clémence Schantz et al. pour l’équipe du projet SENOVIE, « Radiothérapie et lutte contre les cancers : défis de maintenance de l’unique accélérateur linéaire à l’Hôpital du Mali », Santé publique, vol. 34, n° 3, 2022

Résumé

Les taux d’incidence et de morta­lité par cancers ne cessent d’augmenter en Afrique de l’Ouest. La cancé­ro­logie est une disci­pline récente au Mali et les moyens dispo­nibles pour traiter les malades sont insuf­fi­sants. Le Mali compte un unique appa­reil de radiothérapie pour le pays et ses dysfonc­tion­ne­ments sont régu­liè­re­ment relayés par les médias. Afin de comprendre les insa­tis­fac­tions récur­rentes liées à l’accès à la radio­thé­rapie au Mali, nous avons retracé l’historique de cet appa­reil et en avons décrit le fonc­tionnement. À partir d’entretiens semi-direc­tifs menés avec des associations de patientes et des profes­sion­nels de santé impli­qués en cancé­ro­logie à Bamako, nous décri­vons la façon dont l’appareil de radio­thé­rapie du Mali révèle des enjeux de santé mondiale à travers l’intervention de nombreuses coopé­ra­tions inter­nationales. De façon complé­men­taire, et à partir d’une collecte de données sur registres médi­caux et de rapports insti­tu­tion­nels, nous signa­lons que la durée moyenne pour obtenir un rendez-vous en radio­thé­rapie est de trois à six mois au Mali, mais aussi que l’appareil de radio­thé­rapie a fait face à 198 pannes entre le 3 avril 2014 et le 24 septembre 2021, ce qui repré­sente plus de 54 semaines d’arrêts cumulés. La radio­thé­rapie est un élément crucial de la prise en charge des cancers, et le manque d’accès à ce trai­te­ment aggrave le pronostic vital des malades. Alors que le gouver­ne­ment malien s’est engagé dans des réformes de couverture santé univer­selle, le renfor­ce­ment des infra­struc­tures de trai­te­ment des cancers doit égale­ment être consi­déré comme une prio­rité de santé publique pour le Mali.

Cet article est issu de la recherche SENOVIE – « Mobi­lités théra­peu­tiques et cancers du sein : parcours de femmes afri­caines » qui a obtenu un avis favo­rable du comité d’éthique de l’Institut National de Santé Publique (INSP) du Mali le 26 octobre 2021 (Déci­sion N °17/2021/CE-INSP).

Page de référence

Page du projet SENOVIE

Abstract

Cancer inci­dence and morta­lity rates are increa­sing in West Africa. Cancer is a recent disci­pline in Mali and the means avai­lable to treat patients are insuf­fi­cient. Mali has only one radio­the­rapy machine for the country and its malfunc­tions are regu­larly reported in the media. In order to unders­tand the recur­rent dissatisfac­tions linked to access to radio­the­rapy in Mali, we retraced the history of this machine and described its func­tio­ning. Based on semi-direc­tive inter­views with patients’ asso­cia­tions and health profes­sio­nals involved in cancer care in Bamako, we describe how radio­the­rapy in Mali reveals global health issues through the inter­ven­tion of nume­rous inter­na­tional coope­ra­tions. In addi­tion, based on data collec­tion from medical regis­ters and insti­tu­tional reports, we report that the average time to get a radio­the­rapy appoint­ment is 3 to 6 months in Mali, but also that the radiotherapy machine has expe­rienced 198 break­downs between April 3, 2014 and September 24, 2021, which repre­sents more than 54 weeks of cumu­la­tive down­time. Radio­the­rapy is a crucial element in the treat­ment of cancer and the lack of access to this treat­ment worsens the vital diag­nosis of patients. While the Malian govern­ment is committed to universal health cove­rage reforms, streng­the­ning cancer treat­ment faci­li­ties should also be consi­dered a public health prio­rity for Mali.