CONF : Thanatic Ethics, “Bodies on the edge : Life and death in Migration” (28–30 avril 2022, Oxford)

CR du colloque orga­nisé par le groupe de recherche Thanatic Ethics 

Les membres de MoCoMi ont présenté trois communications :

  • Nada Afiouni, “ Momo’s Journey” ;
  • Linda Haapa­järvi, “Fixing the final journey. Varie­ties of trans­na­tional death money and belon­ging” ;
  • Filippo Furri, Caro­lina Kobe­linsky et Fran­çoise Lestage, “Data­bases for the Dead border-cros­sers. Acti­vists and Acade­mics Uses under Scutiny”.

Trente commu­ni­ca­tions ont été présen­tées et trois confé­ren­ciers sont inter­venus : Didier Fassin, anthro­po­logue à l’EHESS et à Prin­centon ; Elleke Boehmer, profes­seure de litté­ra­ture mondiale en anglais à l’Université d’Oxford (post-colo­nial studies) et Achille Mbembe, profes­seur d’histoire à Witwa­ters­trand. Ces trois confé­ren­ciers reflé­tait le parti-pris du colloque de réunir des cher­cheurs des sciences sociales et des huma­nités (litté­ra­ture, art) dans des tables-rondes thématiques.

L’ensemble du colloque portait sur les rapports entre les morts et les vivants en migra­tion et des théma­tiques très nombreuses et diverses : visibilité/​invisibilité ; les fron­tières ; le voyage ; les familles ; les huma­ni­taires ; spectres et fantômes ; poli­tiques de deuil ; poli­tiques d’affliction. Une seule table-ronde, avec deux inter­ve­nantes, était direc­te­ment consa­crée aux effets du COVID 19 : « Body repa­tria­tion in times of Covid » dont Nada Afiouni était la modé­ra­trice. Yumna Masarwa, cher­cheuse, a présenté la commu­ni­ca­tion « Enac­ting Death and Islamic Fune­rary Rites in the Shadow of Covid 19”, Syd Bolton et Catriona Jarvis, deux acti­vistes anglais, ont fait une présen­ta­tion inti­tulée “Contem­po­rary Ritua­lity, its Econo­mics, its Admi­nis­tra­tion and its Poli­tics”, et Féli­cien de Heusch a terminé avec l’in­ter­ven­tion “States and Diasporas Facing Death in Migra­tion : A Compa­ra­tive Analysis of the Sene­ga­lese and Tuni­sian Cases Before and During the Covid-19 Pandemic”. La première se fonde sur un travail de terrain réalisé à Marseille consis­tant à observer les personnes qui lavent et prennent soin des corps des musul­mans et la façon dont elles ont fait face aux règles impo­sées par le gouver­ne­ment pendant la pandémie. Selon elle, la réponse des familles et des entre­prises de pompes funèbres à ces règles a trans­formé les rituels funé­raires. Les seconds, mili­tants fonda­teurs de ‘The Last Right Project’, ont rédigé un rapport sur la situa­tion inti­tulé « Every body counts : Death, COVID 19 and migra­tion ». Ils exposent ce que contient une décla­ra­tion mise au point et signée en 2018 par plusieurs experts des migra­tions, et appelée Décla­ra­tion de Myti­lini pour le trai­te­ment digne de toutes les personnes dispa­rues ou décé­dées et de leurs familles à la suite de voyages de migrants (Last Rights Myti­lini Decla­ra­tion). Elle précise les obli­ga­tions des auto­rités, les droits des familles et propose des proto­coles et des mesures qui permettent de remplir ces obli­ga­tions dans le respect des morts et des disparus. Les effets du Covid ont égale­ment été mentionnés par d’autres inter­ve­nants sans faire l’objet des commu­ni­ca­tions ou des tables-rondes. La présen­ta­tion de Féli­cien de Heusch, docto­rant à l’Université de Liège, mettait en avant les diffé­rences dans l’investissement des États tuni­sien et séné­ga­lais dans le processus de rapa­trie­ment en temps de Covid, tout en souli­gnant une tradi­tion inter­ven­tion­niste tuni­sienne et une poli­tique de laissez-faire du côté sénégalais.

Aux acti­vités de présen­ta­tion et discus­sion, très denses, il faut ajouter un programme d’évènements cultu­rels. Elsa Gomis, réali­sa­trice et post-docto­rante à Oxford, a présenté trois court-métrages sur le thème de la mémoire fami­liale en migra­tion tandis que l’artiste peintre iranien, Majid Amin, ayant vécu dans la jungle de Calais et rési­dant aujourd’hui en Angle­terre, a exposé ses œuvres retra­çant son odyssée migra­toire. Et Ales­sandro Corso, cher­cheur post­doc­to­rant, a discuté de sa façon de conci­lier la pein­ture et l’enquête ethno­gra­phique lors de ses recherches sur la vie des migrants à la fron­tière de Lampedusa.