Le projet COTIDIES livre ses premiers résultats sur les risques psychosociaux chez les migrant.e.s et leur association avec la santé mentale

Anne Gosselin, Inès Malroux, Diane Desprat et al., « Préva­lence des risques psycho­so­ciaux au travail et santé mentale parmi les immi­grés et descen­dants d’immigrés : résul­tats de l’enquête natio­nale Condi­tions de Travail-Risques psycho­so­ciaux 2016 », Bulletin Épidé­mio­lo­gique Hebdo­ma­daire, n° 7, 2022.

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Résumé

Objec­tifs
Peu d’études se sont penchées sur les risques psycho­so­ciaux parmi les immi­grés et les descen­dants d’immigrés et leur asso­cia­tion avec la santé mentale. Notre étude a pour objectif : 1) de décrire la préva­lence de deux indi­ca­teurs qui recouvrent les dimen­sions d’exigence psycho­lo­gique, de lati­tude déci­sion­nelle et d’isolement au travail : le job strain (tension au travail : faible latitude/​forte demande) et l’iso-strain (combi­naison d’une situa­tion de job strain et d’un faible soutien social) selon le statut migra­toire et modé­liser la proba­bi­lité d’être exposé ; 2) véri­fier que les asso­cia­tions entre le job strain, l’iso-strain et l’anxiété sont simi­laires pour tous les groupes (immi­grés, descen­dants d’immigrés).

Méthodes
Nous avons utilisé l’enquête natio­nale trans­ver­sale Condi­tions de Travail-Risques Psycho­so­ciaux 2016 (N=24 640). L’anxiété a été mesurée par le score GAD-Mini, outil diag­nos­tique pour repérer le trouble anxieux géné­ra­lisé. Les préva­lences du job strain et de l’iso-strain ont été décrites selon le statut migra­toire et le sexe. Des régres­sions de Poisson ont été utili­sées pour modé­liser la proba­bi­lité d’être exposé au job strain et à l’iso-strain. La préva­lence de l’anxiété a été ensuite décrite selon le statut migra­toire et le sexe. Dans chaque groupe de popu­la­tion, nous modé­li­sons la proba­bi­lité de l’anxiété en fonc­tion des carac­té­ris­tiques socio­dé­mo­gra­phiques, des anté­cé­dents de santé mentale et de l’expérience du job strain ou de l’iso-strain.

Résul­tats
Les préva­lences de risques psycho­so­ciaux varient forte­ment selon le statut migra­toire, avec des immi­grés plus exposés que la popu­la­tion majo­ri­taire (ni immi­grée, ni descen­dante d’immigrés). Après ajus­te­ment, être un immigré d’Afrique reste associé au job strain (ratio inci­dence risque ajusté : IRRa=1,21 ; IC95%: [0,99–1,47]), et être un descen­dant d’immigré d’Afrique à l’iso-strain (IRRa=1,33 [1,05–1,69]). La préva­lence de l’anxiété était parti­cu­liè­re­ment haute parmi les descen­dants d’immigrés d’Afrique (12%). Dans cette popu­la­tion, le job strain et l’iso-strain étaient asso­ciés à l’anxiété (IRRa job strain=2,70 [1,22–6,01] ; IRRa iso-strain=4,26 [2,29–7,92]).

Conclu­sion
Dans la lignée des travaux inter­na­tio­naux, notre étude montre que les immi­grés et descen­dants d’immigrés sont parti­cu­liè­re­ment exposés au job strain et à l’iso-strain, ce qui pour­rait contri­buer à dété­riorer leur santé mentale.