Présentation
Souhaitant prolonger la collaboration avec les musiciens d’Ëpoukay et mettre en lumière, à partir de mille et un petits événements, des processus demeurés enfouis, des vies oubliées, nous sommes partis à Kaolack. Il s’est agi de réassembler des histoires entraperçues hier, des idées dispersées, afin d’en proposer une lecture renouvelée, des ambiances sonores au plus près du quotidien qui puissent toucher un public élargi, non scientifique.
Cette captation sonore doit permettre de mieux comprendre le rôle déterminant joué au Sénégal par l’économie de la traite de l’arachide – un dispositif colonial – dans le formatage encore actuel des échanges entre commerçants, transporteurs, migrants et paysans, ainsi que dans l’évolution des pratiques et modes de déplacement.
Nous rendre à Kaolack, l’ancienne capitale de l’arachide, c’est une façon de partir à la rencontre d’une ville trépidante où le concert assourdissant des camions maliens sur la route nationale ne parvient pas à étouffer les pétarades ou la cacophonie des motos-taxis dénommées jakarta.
Nous avons envie de rappeler combien l’histoire longue des mobilités et des transports ne peut être éludée pour qui veut comprendre les derniers rebondissements des allées et venues des jakarta dans les rues sénégalaises.
Trois énigmes qui s’encastrent l’une dans l’autre ont rythmé la progression de notre réflexion et la construction de notre scénario :
* Pourquoi les deux-roues ont-ils fait leur apparition depuis si longtemps à Kaolack ?
* Pourquoi les vélos puis les mobylettes se sont-ils transformés en taxis ?
* Pourquoi a‑t-il fallu attendre plusieurs décennies pour que ces motos-taxis, rebaptisées jakarta, se répandent hors de Kaolack ?
Aux questions soulevées par ces énigmes, nous n’apportons pas de réponses définitives. Mais ce pas de côté effectué à Kaolack représente un moyen de découvrir un autre pan de la modernité sénégalaise.
Écouter les podcasts ici et sur le site de l’IRD.