AAC : Atelier « Partir pour étudier, étudier pour partir : les mobilités étudiantes depuis, vers et à travers l’Afrique », rencontres des études africaines (REAF), Mardi 28 juin au vendredi 1er juillet 2022, Toulouse — LIMITE : 18/​03/​2022

Appel à contributions

Depuis la fin des années 1990, le nombre des étudiants inscrits dans un établis­se­ment post- secon­daire en dehors de leur pays d’origine a plus que doublé, passant de 2 millions en 1998 à 5,6 millions en 2018 (Campus France, chiffres clés, février 2021). Selon les prévi­sions de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’effectif des étudiants en mobi­lité inter­na­tio­nale va davan­tage progresser dans les années à venir, pour atteindre les 9 millions à l’horizon 2027. De par l’ampleur crois­sante qu’elles ont enre­gistré au cours de ces deux dernières décen­nies, les mobi­lités pour études repré­sentent une compo­sante impor­tante, para­doxa­le­ment peu connue des migra­tions inter­na­tio­nales (Piguet et al, 2017 ; Jamid et al, 2020).

Dans ce contexte global de « mondia­li­sa­tion étudiante » (Mazzella, 2009), les étudiants afri­cains, parti­cu­liè­re­ment ceux issus des pays de l’Afrique subsa­ha­rienne, sont parmi les plus mobiles au monde. En 2018, ils repré­sentent un étudiant sur dix à l’échelle du globe, avec un taux de mobi­lité (4,6%), deux fois plus élevé que la moyenne mondiale (2,4%) (Campus France, chiffres clés, mars 2021) . D’après les données de l’UNESCO, un quart des étudiants afri­cains en mobi­lité inter­na­tio­nale est origi­naire d’un pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie et Libye) et si l’on addi­tionne ceux du Nigéria, du Came­roun, du Zimbabwe et du Kenya, ces huit pays repré­sentent la moitié de la mobi­lité étudiante du conti­nent (Campus France, chiffres clés, mars 2021). L’Union euro­péenne, parti­cu­liè­re­ment la France, accueille la grande partie de ces étudiants afri­cains à l’étranger, suivie par l’Amérique du Nord et les pays du Moyen-Orient, prin­ci­pa­le­ment l’Arabie Saou­dite. Toute­fois, il faut souli­gner que de nombreux étudiants afri­cains en mobi­lité inter­na­tio­nale ne quittent pas le conti­nent. C’est le cas d’environ un tiers de la mobi­lité qui reste concentrée en Afrique subsa­ha­rienne, dirigée vers quatre prin­ci­pales régions d’accueil : la première est la pointe méri­dio­nale du conti­nent, avec l’Afrique du Sud et la Namibie. À l’Est, le pôle Ouganda-Kenya-Burundi-Rwanda accueille une ving­taine de milliers d’étudiants, tout comme l’Afrique du Nord. Enfin, l’Afrique de l’Ouest – avec le Ghana, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.

Par ailleurs, si les départs des étudiants afri­cains en dehors du conti­nent ont fait l’objet d’une littérature scien­ti­fique impor­tante, rares (Berriane, 2009 ; Mazzella, 2009 ; Sy, 2011 ; Bava, 2011 ; Toure, 2017) et peu connus sont les travaux qui appréhendent les mobilités étudiantes vers et à travers l’Afrique. Cet atelier a donc pour premier objectif de combler ce vide, ou cette méconnaissance, en y invi­tant parti­cu­liè­re­ment les chercheur.e.s qui étudient cette forme de flux étudiants. Ainsi, sont vive­ment atten­dues des propo­si­tions de commu­ni­ca­tions qui analysent les mobi­lités étudiantes intra-afri­caines et en direc­tion de l’Afrique, mettant en lumière à la fois les facteurs qui pèsent sur le choix des pays de desti­na­tion et les trajec­toires d’études qui en découlent.

En outre, qu’il soit motivé par des contraintes struc­tu­relles ou par des logiques indi­vi­duelles et collec­tives, notam­ment d’ascension ou de repro­duc­tion sociale, le départ pour les études à l’étranger peut égale­ment repré­senter un projet migra­toire qui vise à ouvrir et à élargir le champ des possibles, personnel et profes­sionnel. En effet, si l’obtention d’un diplôme étranger est souvent conçue comme un vecteur d’une meilleure inser­tion profes­sion­nelle et un trem­plin vers une promo­tion sociale ulté­rieure, parti­cu­liè­re­ment après le retour dans le pays d’origine, la mobi­lité pour études peut parfois s’apparenter à une « voie royale » d’expatriation. Elle peut donc s’inscrire dans un projet qui dépasse les seules raisons univer­si­taires, pour contenir les impli­ca­tions objec­tives d’une réelle stra­tégie migra­toire durable, associée davan­tage à un souhait d’émancipation écono­mique et socio-cultu­relle (Jamid, 2021). C’est au prisme du lien dialec­tique et complexe entre la mobi­lité pour études et le projet migra­toire durable que cet atelier souhaite réflé­chir. Appré­hender la mobi­lité pour études dans sa dimen­sion extra- univer­si­taire repré­sente ainsi le second objectif que vise cet atelier, et l’équation « partir pour étudier, étudier pour partir » cris­tal­lise sa problé­ma­tique et ses compli­ca­tions possibles.

Au regard de ces deux objec­tifs, cet atelier propose d’appréhender diffé­rents aspects des mobi­lités étudiantes, depuis, vers et à travers le conti­nent afri­cain. Il invite à des commu­ni­ca­tions autour des thématiques suivantes (qui ne sont pas exclusives) :

* Flux et tendances des mobi­lités étudiantes (intra/​extra) afri­caines au niveau macro ;
* Les trajec­toires scolaires et les parcours migra­toires des étudiants en mobi­lité inter­na­tio­nale en Afrique
* Poli­tiques migra­toires desti­nées aux étudiants en mobi­lité inter­na­tio­nale en Afrique et de l’Afrique ;
* Marché de l’enseignement supé­rieur en Afrique
* Les inéga­lités sociales dans l’accès à la mobi­lité pour études en Afrique ;
* Les condi­tions d’études et de séjour à l’étranger.
* Le devenir migra­toire des étudiants en mobi­lité inter­na­tio­nale à l’issue de leur formation.

Moda­lités de soumission

Les commu­ni­ca­tions atten­dues peuvent relever des diffé­rentes disci­plines de sciences sociales et les approches inter­dis­ci­pli­naires sont particulièrement bien­ve­nues. Les propo­si­tions de commu­ni­ca­tion, de 500 mots maximum, seront envoyées avant le 18 mars 2022 à Hicham Jamid (etudiantsreaf2022@​gmail.​com). Les propo­si­tions devront indi­quer le nom, le statut et l’affiliation des auteur⋅e⋅s. Il est attendu que les résumés présentent la ques­tion de recherche, le cadre théo­rique ainsi que la métho­do­logie ayant servi à la collecte des données empi­riques mobi­li­sées. Les versions longues des commu­ni­ca­tions rete­nues devront être envoyées pour le 03 juin 2022.

Infor­ma­tions pratiques

Les REAF n’ont pas de budget « invi­ta­tion » pour les ateliers. Ainsi, tout·e participant·e doit assumer le finan­ce­ment de sa parti­ci­pa­tion au REAF 2022.

Réfé­rences citées

Bava Sophie, (2011), « Les étudiants afri­cains d’Al-Azhar au Caire. Entre mobi­lité tradi­tion­nelle et nouveaux projets migra­toires », in Michèle Leclerc-Olive, Grazia Scarfo Ghellab et Anne-Cathe­rine Wagner (dirs.), Les mondes univer­si­taires face au marché : circu­la­tion des savoirs et pratiques des acteurs, Paris, Karthala, pp. 107–120.

Berriane Johara, (2009), « Les étudiants subsa­ha­riens au Maroc : des migrants parmi d’autres ? », Méditerranée, n° 113, pp.147–150.

Jamid Hicham, (2021), De la mobi­lité pour études à la migra­tion des haute­ment qualifiés : parcours migra­toires et trajec­toires profes­sion­nelles de Maro­caines et de Maro­cains diplômé.es en France, Thèse de doctorat en socio­logie, Conser­va­toire national des Arts et Métiers, Cnam-Paris.

Jamid Hicham, Kabbanji Lama, Leva­tino Anto­nina, Mary Kévin, (2020), Étudiants étran­gers : des migrants comme les autres ?, numéro spécial de la revue Migra­tions Société, vol. 32, n°180.

Mazzella Sylvie, (dir.), (2009), La mondia­li­sa­tion étudiante : le Maghreb entre Nord et Sud, Paris, Tunis, Karthala.

Piguet Etienne, Gilla­bert Matthieu, Riaño Yvonne, (2017), Les étudiant·e·s inter­na­tio­naux, numéro spécial de revue, Géo-Regards. Revue neuchâ­te­loise de géogra­phie, n°10, Éditions Alphil-Presses univer­si­taires suisses.

Sy Harouna, (2011), « Marché de l’enseignement supé­rieur Sud-Sud. Les cara­bins maro­cains à l’Université de Dakar », in Michèle Leclerc-Olive, Grazia Scarfo Ghellab et Anne_​Catherine Wagner (dirs.), Les mondes univer­si­taires face au marché : circu­la­tion des savoirs et pratiques des acteurs, Paris, Karthala, pp. 93–106.

Toure Niando, (2017), Mobi­lité inter­na­tio­nale pour études et mobi­lité sociale : trajec­toires scolaires et socio­pro­fes­sion­nelles des étudiants maliens dans l’enseignement supé­rieur en France et au Maroc, Thèse de doctorat en socio­logie, Univer­sité Paris V René Descartes.

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