INVITES :
- Alice Latouche (sociologie- Migrinter/Cresppa GTM) présentera : « Corps exposés, intimités dévoilées : l’impact des politiques de la vulnérabilité sur les femmes exilées »
DISCUTANTE :
- Frédérique Fogel (CNRS-LESC – MSH Mondes – UP Nanterre)
HORAIRE ET LIEU :
- 14h-16h
- Zoom
PRÉSENTATION :
Cette séance se basera sur des réflexions issues d’un premier terrain, dans un centre d’accueil pour femmes exilées sur l’île de Chios, en Grèce, et qui s’est poursuivi à Athènes, un an plus tard, où j’ai retrouvé une partie des femmes rencontrées à Chios. A partir de ce terrain, je développerai une réflexion sur « l’extimisation » des femmes exilées dans les centres d’Identification et d’enregistrement (RIC) situés sur les hotspots des îles grecques. Les femmes migrantes se trouvent alors dans une situation paradoxale en ce qui concerne leur espace intime : elles sont à la fois assignées socialement à des espaces intérieurs (tentes, containers) qui ne permettent pas l’intimité car ils ne ferment pas et sont toujours susceptibles d’être envahis, et elles se trouvent dans le même temps contraintes, pour accéder aux services, aux toilettes ou à la distribution de nourriture, de se rendre dans des espaces extérieurs où elles sont renvoyées à leur vulnérabilité. Elles sont alors doublement exposées : exposées aux risques de voir son intimité transgressée dans des espaces « intérieurs » et exposées à des regards, à des insultes ou des commentaires à l’extérieur, ce leur renvoie l’idée selon laquelle les corps féminins n’ont de place nulle part. Or, pour pouvoir sortir des camps, et obtenir un logement individuel en ville, il faut être reconnu en tant que « personne vulnérable ». Il faut alors dévoiler son intimité à un travailleur social, en racontant les violences qui ont été subies avant d’arriver en Grèce, dans le but d’accéder à un espace à soi. J’amorcerai donc une réflexion sur le paradoxe d’un dévoilement qui doit permettre de reconquérir un espace intime. J’approfondirai ensuite la question du sens de la vulnérabilité féminine, en interrogeant la dimension ontologique de cette vulnérabilité à travers l’image de corps féminins souvent décrits comme impuissants et faibles. Il s’agira alors de réinscrire cette notion de vulnérabilité dans un ensemble de rapports de dominations de genre, de races et de classes, en opérant le lien avec des espaces intimes qu’elles ne peuvent jamais réellement s’approprier.
CONTACT :
- Latouche Alice : latouche.aliceATgmail.com