Vendredi 19 février 2021 — Séminaire POLICY : « Axe : Le rapport a l’intime dans les migrations internationales »

INVITES :

  • Alice Latouche (socio­logie- Migrinter/​Cresppa GTM) présen­tera : « Corps exposés, inti­mités dévoi­lées : l’impact des poli­tiques de la vulné­ra­bi­lité sur les femmes exilées »

DISCUTANTE :

  • Frédé­rique Fogel (CNRS-LESC – MSH Mondes – UP Nanterre)

HORAIRE ET LIEU :

  • 14h-16h
  • Zoom

PRÉSENTATION :

Cette séance se basera sur des réflexions issues d’un premier terrain, dans un centre d’accueil pour femmes exilées sur l’île de Chios, en Grèce, et qui s’est pour­suivi à Athènes, un an plus tard, où j’ai retrouvé une partie des femmes rencon­trées à Chios. A partir de ce terrain, je déve­lop­perai une réflexion sur « l’extimisation » des femmes exilées dans les centres d’Identification et d’enregistrement (RIC) situés sur les hots­pots des îles grecques. Les femmes migrantes se trouvent alors dans une situa­tion para­doxale en ce qui concerne leur espace intime : elles sont à la fois assi­gnées socia­le­ment à des espaces inté­rieurs (tentes, contai­ners) qui ne permettent pas l’intimité car ils ne ferment pas et sont toujours suscep­tibles d’être envahis, et elles se trouvent dans le même temps contraintes, pour accéder aux services, aux toilettes ou à la distri­bu­tion de nour­ri­ture, de se rendre dans des espaces exté­rieurs où elles sont renvoyées à leur vulné­ra­bi­lité. Elles sont alors double­ment expo­sées : expo­sées aux risques de voir son inti­mité trans­gressée dans des espaces « inté­rieurs » et expo­sées à des regards, à des insultes ou des commen­taires à l’extérieur, ce leur renvoie l’idée selon laquelle les corps fémi­nins n’ont de place nulle part. Or, pour pouvoir sortir des camps, et obtenir un loge­ment indi­vi­duel en ville, il faut être reconnu en tant que « personne vulné­rable ». Il faut alors dévoiler son inti­mité à un travailleur social, en racon­tant les violences qui ont été subies avant d’arriver en Grèce, dans le but d’accéder à un espace à soi. J’amorcerai donc une réflexion sur le para­doxe d’un dévoi­le­ment qui doit permettre de recon­quérir un espace intime. J’approfondirai ensuite la ques­tion du sens de la vulné­ra­bi­lité fémi­nine, en inter­ro­geant la dimen­sion onto­lo­gique de cette vulné­ra­bi­lité à travers l’image de corps fémi­nins souvent décrits comme impuis­sants et faibles. Il s’agira alors de réins­crire cette notion de vulné­ra­bi­lité dans un ensemble de rapports de domi­na­tions de genre, de races et de classes, en opérant le lien avec des espaces intimes qu’elles ne peuvent jamais réel­le­ment s’approprier.
CONTACT :
  • Latouche Alice : latouche​.aliceATg​mail​.com