Résumé
Longtemps délaissé par les recherches en sciences sociales, la mesure quantitative du racisme redevient d’actualité et pose d’importantes questions méthodologiques et théoriques. En prenant appui sur l’expérience de l’enquête Trajectoires et Origines (TeO, Insee-Ined, 2008–2009), cet article montre les apports et les limites de l’enquête pour la connaissance empirique et statistique des discriminations et du racisme, et explore des pistes d’explication de la sous-déclaration de l’expérience du racisme. Après une discussion des sources quantitatives d’analyse du racisme en France, nous présentons une synthèse des résultats de TeO sur le racisme rapporté par les immigrés et descendants d’immigrés. Nous discutons ensuite les relations entre expérience des discriminations et du racisme, et des corrélations avec l’altérisation des groupes. Nous terminons par une réflexion argumentée sur les processus de subjectivation et de conscientisation à l’oeuvre parmi les minorités racialisées, en traitant des formes de racisation à partir des marques et caractéristiques personnelles reliées à l’expérience raciste.
Mots-clés : Racisme, discriminations, méthodologie d’enquête, altérisation