PUBLI : Chloé Tisserand, « Médecine à la frontière : le recours aux professionnels de santé afghans en contexte d’urgence humanitaire », Revue francophone sur la santé et les territoires[en ligne], déc. 2019

À Calais, “lieu-fron­tière” (Cuttitta, 2015), l’augmentation du nombre d’exilés a obligé l’hôpital à déve­lopper en 2014 son équipe médi­cale atta­chée à la perma­nence d’accès aux soins de santé (PASS), un service qui délivre une méde­cine hospi­ta­lière gratuite pour les patients précaires dépourvus de couver­ture sociale. Faute de candi­da­tures suffi­santes, l’institution a eu recours à des méde­cins afghans en situa­tion d’exil et qui ont travaillé auprès de soignants fran­çais (infir­miers, méde­cins, psycho­logues, etc.) Cette expé­rience a produit des échanges inter­cul­tu­rels entre profes­sion­nels au sein de la prise en charge des exilés précaires. Les soignants exilés deviennent des passeurs cultu­rels. Ainsi, ils valo­risent leur rôle. Pour autant, leur appar­te­nance cultu­relle qui peut se révéler être un atout et peut aussi se retourner contre eux dans la rela­tion avec les patients exilés précaires. Mais plus qu’un lieu de partage inter­cul­turel, la PASS constitue un trem­plin pour ces soignants exilés en situa­tion de désaf­fi­lia­tion sociale (Castel, 1995) depuis qu’ils ont emprunté les routes de l’exil comme leurs patients et qui souhaitent recons­truire leur iden­tité profes­sion­nelle. Ainsi le premier emploi qu’ils acquièrent dans un hôpital fran­çais peut leur permettre d’évoluer de statut en statut pour fina­le­ment obtenir leurs équi­va­lences rela­tives à la spécia­lité qu’ils exer­çaient en Afgha­nistan, ce qui est le cas pour Dorreh, médecin afghan.

Texte inté­gral :Tisserand_​RFST_​2019_​Circulations