Responsables scientifiques : Alexis Nuselovici NOUSS et Nina Sahraoui
Partenaires institutionnels : chaire Exil et migration et Collège d’études mondiales-FMSH
Infos pratiques
- Horaire : 9h30-17h
- Adresse : FMSH, 54 Blvd Raspail, 75006 Paris, Salle BS1-28
- Entrée libre
- Annonce source
Présentation
En 2015 le nombre d’arrivées en Europe via la Méditerranée augmente pour dépasser le million de personnes avant de constamment diminuer, avec moins d’arrivées en 2018 qu’en 2014 selon les données du HCR des Nations Unies. Les médias ont rapidement qualifié ces arrivées de crise, « crise des migrants » ou « crise des réfugiés » mais crise tout de même, souvent décrite comme la plus importante depuis la Seconde Guerre Mondiale. Les chercheurs ont quant à eux souligné le nombre relativement limité de ces arrivées, que ce soit en comparaison avec certains pays du Moyen-Orient, ou comme pourcentage de la population européenne (Freedman, 2018 ; Anderson 2017), ou encore au regard des migrations historiques telle que l’émigration européenne vers l’Amérique du Nord à l’aube du XXème siècle. Il n’en demeure pas moins que le discours de la crise sous-tend les réponses politiques à ces migrations récentes (Jeandesboz and Pallister-Wilkins, 2016). Quatre années plus tard, les politiques de dissuasion teintées d’humanitarisme biopolitique semblent avoir muté vers des politiques post-humanitaires d’exclusion.
Dans ce contexte, cette journée d’études vise à déconstruire la notion de « crise » dans le champ des migrations à travers un échange interdisciplinaire croisant la sociologie, l’anthropologie, la philosophie et la création artistique. A travers une étymologie commune, « crise » et « critique » partagent une même valeur sémantique, celle de l’opportunité offerte de nouvelles acceptions et changements. Au contraire, l’usage dominant de la notion de crise semble mettre en avant une inéluctabilité historique et une inflexibilité politique. Comment expliquer ce renversement ? Comment les réflexions contemporaines autour de la notion de crise peuvent-elles mettre à jour son caractère performatif ? De quelles manières la notion de crise est-elle productive dans le champ des migrations ? Qu’est-il devenu de la figure du migrant à travers les temporalités des usages discursifs de la « crise » ? Comment s’articulent les pratiques discursives de la « crise », les formes changeantes du contrôle migratoire, et les interventions humanitaires ?
Programme
Modération par Alexis Nuselovici (Nouss) et Nina Sahraoui
9h30 – 12h00 Séance du matin
Introduction
| Nina Sahraoui, GTM-CRESPPA, Collège d’études mondiales/FMSH
Les impacts sociaux et politique de la rhétorique de crise
| Jane Freedman, Professeure, Université Paris 8
Du barbare au migrant : crise des Lumières et crise d’aujourd’hui
| Stéphane Lojkine, Professeur, Aix-Marseille Université
Les camps de réfugiés, des espaces de crise ou ordinaires ?
| Lucas Oesch, Université du Luxembourg
Pause
14h00 – 17h00 Séance de l’après-midi
Migration : comment représenter ?
| Sylvain George, cinéaste, écrivain
Repenser les mobilités au-delà de la « crise » : luttes des migrants et de solidarité
| Céline Cantat, Postdoctoral Fellow, CERI-Sciences Po /Research Affiliate, CPS-Central European University
« Le temps étranger » (Paul Celan) : Temps de crise, temps en crise
| Alexis Nuselovici (Nouss), Aix-Marseille Université