CONF : Journée d’étude « “Crise” migratoire ? Quelle crise ? Analyse critique des usages discursifs de la notion de crise à l’heure d’une gouvernance post-humanitaire des migrations » — Mardi 29 octobre 2019, 9h30-17h, FMSH, Paris

Respon­sables scien­ti­fiques : Alexis Nuse­lo­vici NOUSS et Nina Sahraoui

Parte­naires insti­tu­tion­nels : chaire Exil et migra­tion et Collège d’études mondiales-FMSH

Infos pratiques

  • Horaire : 9h30-17h
  • Adresse : FMSH, 54 Blvd Raspail, 75006 Paris, Salle BS1-28
  • Entrée libre
  • Annonce source

Présentation

En 2015 le nombre d’arrivées en Europe via la Médi­ter­ranée augmente pour dépasser le million de personnes avant de constam­ment dimi­nuer, avec moins d’arrivées en 2018 qu’en 2014 selon les données du HCR des Nations Unies. Les médias ont rapi­de­ment qualifié ces arri­vées de crise, « crise des migrants » ou « crise des réfu­giés » mais crise tout de même, souvent décrite comme la plus impor­tante depuis la Seconde Guerre Mondiale. Les cher­cheurs ont quant à eux souligné le nombre rela­ti­ve­ment limité de ces arri­vées, que ce soit en compa­raison avec certains pays du Moyen-Orient, ou comme pour­cen­tage de la popu­la­tion euro­péenne (Freedman, 2018 ; Anderson 2017), ou encore au regard des migra­tions histo­riques telle que l’émigration euro­péenne vers l’Amérique du Nord à l’aube du XXème siècle. Il n’en demeure pas moins que le discours de la crise sous-tend les réponses poli­tiques à ces migra­tions récentes (Jean­desboz and Pallister-Wilkins, 2016). Quatre années plus tard, les poli­tiques de dissua­sion tein­tées d’humanitarisme biopo­li­tique semblent avoir muté vers des poli­tiques post-huma­ni­taires d’exclusion.

Dans ce contexte, cette journée d’études vise à décons­truire la notion de « crise » dans le champ des migra­tions à travers un échange inter­dis­ci­pli­naire croi­sant la socio­logie, l’anthropologie, la philo­so­phie et la créa­tion artis­tique. A travers une étymo­logie commune, « crise » et « critique » partagent une même valeur séman­tique, celle de l’opportunité offerte de nouvelles accep­tions et chan­ge­ments. Au contraire, l’usage domi­nant de la notion de crise semble mettre en avant une inéluc­ta­bi­lité histo­rique et une inflexi­bi­lité poli­tique. Comment expli­quer ce renver­se­ment ? Comment les réflexions contem­po­raines autour de la notion de crise peuvent-elles mettre à jour son carac­tère perfor­matif ? De quelles manières la notion de crise est-elle produc­tive dans le champ des migra­tions ? Qu’est-il devenu de la figure du migrant à travers les tempo­ra­lités des usages discur­sifs de la « crise » ? Comment s’articulent les pratiques discur­sives de la « crise », les formes chan­geantes du contrôle migra­toire, et les inter­ven­tions humanitaires ?


Programme

Modé­ra­tion par Alexis Nuse­lo­vici (Nouss) et Nina Sahraoui

9h30 – 12h00 Séance du matin

Intro­duc­tion
| Nina Sahraoui, GTM-CRESPPA, Collège d’études mondiales/​FMSH

Les impacts sociaux et poli­tique de la rhéto­rique de crise 
| Jane Freedman, Profes­seure, Univer­sité Paris 8

Du barbare au migrant : crise des Lumières et crise d’aujourd’hui
| Stéphane Lojkine, Profes­seur, Aix-Marseille Université

Les camps de réfu­giés, des espaces de crise ou ordinaires ?
| Lucas Oesch, Univer­sité du Luxembourg

Pause

14h00 – 17h00 Séance de l’après-midi

Migra­tion : comment représenter ?
| Sylvain George, cinéaste, écrivain

Repenser les mobi­lités au-delà de la « crise » : luttes des migrants et de solidarité
| Céline Cantat, Post­doc­toral Fellow, CERI-Sciences Po /​Research Affi­liate, CPS-Central Euro­pean University

« Le temps étranger » (Paul Celan) : Temps de crise, temps en crise
| Alexis Nuse­lo­vici (Nouss), Aix-Marseille Université