Hillel Rapoport, Repenser l’immigration en France, 2018

Résumé

La ques­tion de l’immigration fait partie des grands débats publics de la France d’aujourd’hui. Ce débat est d’autant plus vif qu’il a été ranimé, d’une part, par la « crise des migrants » que connaît actuel­le­ment l’Europe et, d’autre part, par les atten­tats qui ont récem­ment endeuillé notre pays. Si la ques­tion de l’immigration se pose avant tout en termes d’identité et de sécu­rité, sa dimen­sion écono­mique n’est pas à négliger : elle condi­tionne les pers­pec­tives d’intégration des immi­grés présents sur le terri­toire national, ainsi que les degrés d’ouverture ou de ferme­ture auxquels seront confrontés les immi­grants de demain.
Le constat que fait ce livre est le suivant. Depuis la fin des Trente Glorieuses, et malgré sa tradi­tion d’asile et d’accueil, la France a voulu réduire une immi­gra­tion qu’elle a perçue comme un « problème » ; ce faisant, elle a accueilli une propor­tion d’immigrants non quali­fiés plus forte que les autres pays ; les à priori néga­tifs des Fran­çais vis-à-vis de l’immigration et leurs attentes à l’égard de poli­tiques d’immigration restric­tives, s’en sont trouvé renforcés. La France s’est ainsi enfermée dans un cercle vicieux : faible taille, faible quali­fi­ca­tion et faible diver­sité de son immi­gra­tion l’empêchent de tirer parti des béné­fices écono­miques qu’une immi­gra­tion plus impor­tante, mieux sélec­tionnée sur la base de l’éducation et des quali­fi­ca­tions, et origi­naire d’un champ géogra­phique plus large et plus varié que l’ancien champ colo­nial, pour­rait lui apporter.
Nous devons donc repenser notre poli­tique d’immigration en nous inspi­rant des résul­tats de la recherche et des expé­riences de pays dispo­sant d’une immi­gra­tion plus quali­fiée et plus diver­si­fiée, plus large et plus consen­suelle à la fois.