Editorial de la Revue canadienne de santé publique, à retrouver sur le site de la revue.
Premières lignes :
Dans quelques années, une majorité de la population mondiale se souviendra peut-être qu’une équipe de France composée majoritairement de joueurs dont les parents ont été des migrants a gagné la Coupe du Monde de football en juillet 2018. Certains commentateurs n’ont eu de cesse (positivement comme négativement) de leur rappeler l’origine de leurs parents, tandis que les joueurs répondaient qu’ils étaient tout simplement français et fiers de l’être : « Je veux incarner la France, représenter la France », clamait le jeune prodige, Kylian Mbappé (Kessous 2018). Même Barack Obama a mis en avant qu’ils étaient tous français sans pour autant ressembler à des « Gaulois ». Nombreux sont ceux qui ont mis en avant la réussite d’un système républicain de l’égalité des chances. Cependant, peu se souviendront qu’en 2011, le directeur technique national du football français avait proposé de créer des quotas discriminatoires pour mieux diversifier les joueurs sélectionnés car les « blacks » et les « binationaux » étaient surreprésentés (Dhers and Schneider 2011). La France veut bien les enfants des migrants pour gagner mais pas trop non plus ! Personne ne se souviendra non plus que cette même année 2018, le gouvernement français, comme d’autres en Europe, avait refusé l’amarrage de l’Aquarius, le bateau humanitaire d’une organisation non-gouvernementale sauvant des migrants en mer, rappelant des événements de 1939 où des centaines de Juifs fuyant l’Allemagne nazie dans un paquebot (Le Saint-Louis) se sont vus refusés le débarquement à Cuba, aux États-Unis, puis enfin au Canada. Il y a migrants et migrants ! […]