Tristan Leperlier, Algérie, les écrivains de la décennie noire, 2018

Il y a trente ans, en octobre 1988, le monde arabe connais­sait son premier « Prin­temps » en Algérie, suivi d’une guerre civile d’une rare violence qui saigna le pays, par l’assassinat ou par l’exil, d’une grande partie de son intel­li­gentsia. L’une des premières victimes, le poète et jour­na­liste de langue fran­çaise Tahar Djaout tomba, en 1993, sous les balles de djiha­distes islamistes.

Entre études litté­raires et socio­logie des intel­lec­tuels, ce livre montre les consé­quences de cette crise poli­tique sur les écri­vains algé­riens. Cette guerre civile a‑t-elle été une guerre des langues, oppo­sant anti-isla­mistes fran­co­phones soutenus par la France, et pro-isla­mistes arabo­phones, choc de civi­li­sa­tions qu’un certain discours de l’époque s’est plu à diffuser ? Il est vrai que l’ancienne puis­sance colo­niale est rede­venue à l’occasion de cette « décennie noire » un espace central pour l’exil, le débat poli­tique, et la recon­nais­sance litté­raire des Algé­riens. C’est plus large­ment la place de ces écri­vains dans les sociétés algé­rienne et fran­çaise qui est interrogée.

Excep­tion­nelle par l’ampleur et la diver­sité de ses sources, cette étude s’adresse aux lecteurs curieux de décou­vrir une litté­ra­ture à la fois si proche et loin­taine (de langue fran­çaise ou arabe : Rachid Boud­jedra, Mohammed Dib, Assia Djebar, Tahar Ouettar…) ; et qu’intéressent les enjeux parti­cu­liè­re­ment actuels de l’engagement poli­tique en période de censure reli­gieuse, de migra­tions intel­lec­tuelles, et d’identités post­co­lo­niales à l’heure de la mondialisation.