Depuis 2022, le Musée national de l’histoire de l’immigration accueille des chercheurs et chercheuses en résidence. Dans ce cadre, le département de la recherche propose, en 2023–2024, un cycle intitulé « L’objet comme source. Écrire l’histoire des migrations au Musée ». Ce séminaire est né à l’initiative d’Annabelle Allouch, maîtresse de conférences en sociologie à l’Université Picardie-Jules Verne, et organisé dans le cadre de sa résidence au Musée.
Programme du séminaire :
- Vendredi 24 mai 2024 : « Le chat, le chien et le géranium, ils avaient dû les sacrifier »
10h30-12h30
Avec Sylvie Aprile, Professeur en histoire contemporaine, Université Paris Nanterre et affiliée à l’IC Migrations
Musée national de l’histoire de l’immigration
Palais de la Porte Dorée — 293 Avenue Daumesnil 75012 Paris
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« Le chat, le chien et le géranium, ils avaient dû les sacrifier » et ils n’emportaient avec eux que des batteries de cuisine. » Cette citation extraite de Terre des hommes de Saint Exupéry, qui évoque l’expulsion de Polonais pendant la crise des années trente, figure dans l’exposition permanente du Musée national de l’histoire de l’immigration.
Dans cette intervention, nous proposons d’en faire le point de départ d’une réflexion sur la place de l’animal de compagnie comme source – peut-être inattendue – de l’histoire des migrations.
Au moment de la séparation, que faire de ce compagnon qui, souvent, n’a pas sa place dans le voyage et ne peut être accueilli dans le pays d’accueil ou du retour ? A contrario, quand la migration s’installe dans la durée, l’animal est-il un marqueur d’intégration ? Ou celui d’une fidélité nostalgique ou politique ? Le chien « Sénat » de Victor Hugo dans les îles anglo-normandes, le chien du fils aîné d’Alexandre Herzen chargé de pallier les carences affectives et l’éloignement de sa famille ont leur place tout à la fois dans l’analyse de l’intime mais aussi dans la construction sociale et juridique de la condition de l’exilé et du migrant. Au côté de ces animaux « célèbres » ou du moins connus, il s’agira aussi, bien entendu, d’évoquer tous les chiens et chats anonymes qui, sans être essentialisés, incarnent aussi un entre-deux des migrations.
- Vendredi 14 juin 2024 : « Contre-dons et rétribution matérielle des enquêtes. Le cas des cartes cadeaux à des migrant.es dans la Somme »
10h30-12h30
Avec Laure Hadj, maîtresse de conférence en sociologie, CURAPP
Musée national de l’histoire de l’immigration
Palais de la Porte Dorée — 293 Avenue Daumesnil 75012 Paris
Laure HADJ est maîtresse de conférences en sociologie-démographie à l’université Picardie Jules Verne. Elle dirige une recherche sur l’accès aux soins des migrant.es et les solidarités à Amiens, deuxième ville de la région Hauts-de-France (ANRS 2019–2023). Cette commune, desservie par un trafic ferroviaire qui relie Paris gare du Nord vers le nord de la France (Lille et Calais), se situe sur une ‘route’ migratoire. Près de 50 migrants ont témoigné de leur trajectoire migratoire et de leur expérience d’accès aux soins.
Une carte cadeau d’une enseigne de grande distribution est offerte aux enquêté.es. Elle permet d’acheter pour une somme définie des denrées, des vêtements, des ustensiles… dans les magasins de l’enseigne. Cette rétribution est indiquée aux enquêté.es à la fin de fin de l’entretien pour garantir une certaine neutralité à participer à la recherche. Dans ce séminaire, la carte cadeau est un objet qui permet d’interroger la relation enquêté-enquêteur ainsi que les conditions de vie d’enquêtés pauvres.
Retrouvez les précédentes séance du séminaire sur le site du Musée national de l’histoire de l’immigration.