Immigration, intégration économique et marché du travail — Session coordonnée par le département DYNAMICS

Résumé par Audrey Lenoël, sociologue

Graphique tiré du rapport « L’immigration quali­fiée : un visa pour la crois­sance », Emma­nuelle Auriol et Hillel Rapo­port, Conseil d’ana­lyse écono­mique https://​www​.cae​-eco​.fr/​l​i​m​m​i​g​r​a​t​i​o​n​-​q​u​a​l​i​f​i​e​e​-​u​n​-​v​i​s​a​-​p​o​u​r​-​l​a​-​c​r​o​i​ssance

Intro­duc­tion par Audrey Lenoël, socio­logue, coor­di­na­trice scien­ti­fique du dépar­te­ment DYNAMICS – ICM

Inter​ve​nant​.es :

• Anthony Edo, écono­miste (CEPII) / Les effets de l’immigration sur les salaires et l’emploi.
• Yajna Govind, écono­miste (Copen­hagen Busi­ness School) / La natu­ra­li­sa­tion est-elle un passe­port pour une meilleure inté­gra­tion sur le marché du travail ?
• Hillel Rapo­port, écono­miste (Paris School of Econo­mics) / L’immigration quali­fiée, un visa pour la croissance ?

Cette session, orga­nisée autour de travaux d’économistes, explore les liens entre immi­gra­tion et marché du travail, et dégage certaines recom­man­da­tions en matière d’intervention publique.

À partir d’une synthèse des travaux sur les effets de l’immigration sur les salaires et l’emploi dans les pays euro­péens et nord-améri­cains, Anthony Edo montre que cet impact est négli­geable. La propor­tion d’emplois dispo­nibles n’est en effet pas fixe et géné­ra­le­ment propor­tion­nelle à la popu­la­tion d’un pays. Si l’impact immé­diat sur les possi­bi­lités d’emploi des natifs peut être négatif en cas d’épisodes migra­toires inat­tendus (ex. rapa­trie­ment des Fran­çais d’Algérie en 1962), ceux-ci restent rares et ne sont pas repré­sen­ta­tifs des schémas typiques de migra­tion vers les pays à revenu élevé, qui se produisent géné­ra­le­ment à des rythmes plus lents et plus prévi­sibles, et sont large­ment motivés par des raisons écono­miques. Bien que l’immigration n’ait pas d’effet moyen, elle tend à créer des gagnants et des perdants parmi les natifs par le biais de chan­ge­ments dans la struc­ture des salaires.

« L’immigration économique est source de bienfaits pour l’économie, notamment sur les plans de l’innovation et de la création d’entreprises, et la France n’exploite pas suffisamment ces opportunités, contrairement à d’autres pays. »

Alors que la natu­ra­li­sa­tion est souvent consi­dérée comme la consé­cra­tion d’un processus d’intégration, Yajna Govind s’attache à estimer l’effet causal de la natu­ra­li­sa­tion sur l’intégration au marché du travail en France. Exploi­tant un modèle quasi-expé­ri­mental – en utili­sant un chan­ge­ment dans la légis­la­tion rela­tive à la natu­ra­li­sa­tion en 2006 – elle montre que celle-ci a un effet positif sur le marché du travail, en augmen­tant les revenus (par le biais d’une augmen­ta­tion des heures travaillées pour les hommes et d’une augmen­ta­tion loga­rith­mique des salaires pour les femmes). Ses résul­tats suggèrent que, en limi­tant la discri­mi­na­tion et le recours au travail informel, la natu­ra­li­sa­tion n’est pas seule­ment une récom­pense, mais aussi un cata­ly­seur d’intégration et que le durcis­se­ment de l’accès à la citoyen­neté peut donc retarder ce processus.

Enfin, Hillel Rapo­port présente les prin­ci­paux résul­tats et recom­man­da­tions tirés du rapport « L’immigration quali­fiée : un visa pour la crois­sance », rédigé en 2021 avec Emma­nuelle Auriol (TSE), pour le Conseil d’analyse écono­mique. Ils y soulignent que l’immigration écono­mique est source de bien­faits pour l’économie, comme de très nombreuses études empi­riques l’attestent, notam­ment sur les plans de l’innovation et de la créa­tion d’entreprises, et que la France n’exploite pas suffi­sam­ment ces oppor­tu­nités, contrai­re­ment à d’autres pays. A travers leurs recom­man­da­tions, ils invitent les poli­tiques à favo­riser une immi­gra­tion de travail plus quali­fiée, plus diver­si­fiée et plus nombreuse, pour une France plus ouverte sur le monde, inno­vante et performante.

Pour voir la session en vidéo :