AAC : Appel à contributions « Retour à la norm(al)e ? Réfugiés et déplacés pendant la paix violente (1944-milieu des années 1950) » pour un numéro spécial de la revue Diasporas – LIMITE : 02/​06/​2023

Appel à contributions pour un numéro spécial de Diasporas Circulations, migrations, histoire

Retour à la norm(al)e ? Réfugiés et déplacés pendant la paix violente (1944-milieu des années 1950)

Numéro dirigé par Marianne Amar, Laure Humbert et Célia Keren

Nous invi­tons dans ce projet de dossier pour la revue Diasporas. Circu­la­tions, migra­tions, histoire des contri­bu­tions qui explorent la notion de retour à la normale à travers la fabrique, les conflits et l’expérience intime et collec­tive des normes qui s’appliquent dans le monde DPs. Nous encou­ra­geons en parti­cu­lier les travaux qui dialoguent avec l’histoire du genre, de la sexua­lité, de la race et les disa­bi­li­ties studies. Les contri­bu­tions peuvent se situer ou croiser les niveaux macro des orga­ni­sa­tions inter­na­tio­nales et étatiques, mezzo des respon­sables locaux, ou micro des travailleurs de terrain et des DPs eux-mêmes. Ces ques­tions peuvent être trai­tées avec une diver­sité d’approches : histoire de l’expertise et des savoirs, histoire maté­rielle des camps, tour­nant spatial, histoire des émotions et de l’intime, étude de trajec­toires, biogra­phies collec­tives, “refu­geedom”, etc. Les contri­bu­tions peuvent s’inscrire dans les axes suivants, de manière non-limitative :

Axes :

  • Varia­tions tempo­relles et géogra­phiques. Les normes évoluent au fil des années, en fonc­tion des lieux et des poli­tiques. Comment diffé­rentes normes s’articulent-elles à travers les espaces, publics et privés, habités et fréquentés par les DPs et les réfu­giés ? Nous encou­ra­geons parti­cu­liè­re­ment des contri­bu­tions qui embrassent l’ensemble d’une trajec­toire, depuis la “salle d’attente” que repré­sentent les zones d’occupation, jusqu’à la réins­tal­la­tion. Nous invi­tons égale­ment des approches compa­ra­tives entre les zones et les espaces.
  • Conflits de normes, conflits d’acteurs. Qui fait la norme du “bon DP” ? Dans quelle mesure cette norme est-elle un enjeu de pouvoir et de violence ?
  • Confor­misme, adap­ta­tion, trans­gres­sion. Les DPs se conforment-ils et elles, ou non, aux normes qui leur sont impo­sées ? Quels sont les outils des historien∙nes pour appro­cher leurs pratiques ? Quelles sources – ou quelle lecture de ces sources – nous renseignent sur les compor­te­ments trans­gres­sifs ? Alors qu’une nouvelle histo­rio­gra­phie sur l’Allemagne après la guerre souligne que ce moment constitua un liminal space, un entre-deux qui ouvrit les possibles avant le conser­va­tisme social et sexuel carac­té­ris­tique des années 1950, les travaux sur les DPs n’ont que très peu abordé cette ques­tion (voir notam­ment Dagmar Herzog, Sex after Fascism : Memory and mora­lity in twen­tieth-century Germany, Prin­ceton : Prin­ceton Univer­sity, 2017).

Les contributeurs.trices intéressé.es sont invité.es à envoyer aux trois coor­di­na­trices une propo­si­tion en fran­çais ou en anglais d’une page pour le 3 septembre 2023. Un atelier de travail collectif sera ensuite orga­nisé en décembre 2023 à Paris. La publi­ca­tion sous forme de numéro spécial dans la revue Diasporas. Circu­la­tions, migra­tions, histoire est programmée pour le 1er semestre 2025.

Marianne Amar : marianne.​amar@​sciencespo.​fr
Laure Humbert laure.​humbert@​manchester.​ac.​uk
Célia Keren : celia.​keren@​sciencespo-​toulouse.​fr

ARGUMENTAIRE

Comme l’a montré Peter Gatrell, les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale, loin de sonner la fin du chaos et des persé­cu­tions, sont un temps de “paix violente[1]”. De 1944 au milieu des années 1950, des mouve­ments massifs de popu­la­tions se pour­suivent, héri­tage de la guerre et consé­quence des nouvelles violences de l’après-guerre. Ces immenses chassés-croisés contrastent avec l’aspiration à un retour à la normale partagée tant par les popu­la­tions et les profes­sion­nels huma­ni­taires que par les admi­nis­tra­teurs étatiques et inter­na­tio­naux – l’UNRRA[2] jusqu’en 1946, puis l’IRO. Les personnes dépla­cées (DPs) occupent une place centrale dans les discours et les repré­sen­ta­tions de ce nouveau départ espéré, comme le montrent le film de fiction The Search ou le docu­men­taire Seeds of Destiny[3]. Mais tous les acteurs ne s’accordent pas sur ce que signifie un tel retour à la normale, ni sur les manières de l’atteindre dans un contexte de pénu­ries et d’incertitudes géopo­li­tiques liées à l’apparition de nouvelles fron­tières et aux poli­tiques d’homogénéisation ethnique des pays d’Europe de l’Est. Comment recons­truire les corps et les esprits ? Quels savoirs profes­sion­nels, sociaux, médi­caux ou psycha­na­ly­tiques sont mobi­lisés dans ce but ? Faut-il aider les réfugié.es et déplacé.es à renouer avec leur passé et leurs iden­tités anté­rieures ou, au contraire, les encou­rager à les oublier et se réin­venter ? Comment faire face au “chaos identitaire[4]” du monde DPs et selon quels prin­cipes faut-il (ré)assigner les iden­tités juri­dique et natio­nale ? Avec quels modèles recons­truire les familles ? Quelles idées sur la fémi­nité et la mascu­li­nité sont proje­tées sur les survivant∙es et réfugié∙es ? Quel est l’écart entre ces normes et la pratique des diffé­rents acteurs ? Comment les règles qui s’imposent au monde DP, en Alle­magne, en Autriche et en Italie, s’articulent-elles, ou non, avec les normes de la vie sociale ordinaire ?

Ces dernières années, de nombreux travaux ont renou­velé notre compré­hen­sion des poli­tiques et des pratiques admi­nis­tra­tives alliées, de la vie sociale et cultu­relle des personnes dépla­cées ainsi que des moda­lités de leur “retour à l’intime[5]”, pour reprendre les mots de Guillaume Piketty et Bruno Cabanes. Ces études ont montré que les DP centres ont été des sites d’intervention huma­ni­taire où l’intime fut une cible privi­lé­giée de contrôle (poli­ti­sa­tion des corps, angoisse collec­tive de la conta­mi­na­tion véné­rienne, etc.[6]). Elles ont mis en lumière toute une étio­logie du trau­ma­tisme du déplacé, les DPs étant souvent décrit∙es comme frappé∙es par l’apathie, la phobie de la faim ou la régres­sion psychique[7]. Les sources des orga­ni­sa­tions inter­na­tio­nales et des insti­tu­tions mili­taires et judi­ciaires sont riches d’informations sur les inquié­tudes collec­tives qui angoissent les sociétés en sortie de guerre. Elles tendent un miroir gros­sis­sant aux déviances, voire aux délits et aux crimes commis par certains DPs, du recours au marché noir aux vols et aux crimes, voire aux infan­ti­cides. En outre, loin d’être neutres, les programmes de réha­bi­li­ta­tion physique et psychique des DPs mobi­lisent une série de normes – de genre, de sexua­lité, de statut marital, de classe, d’âge, de race, etc. – qui, pour n’être pas toujours offi­cielles et expli­cites, sont constam­ment au travail dans les espaces où s’organisent la vie des DPs : camps et centres d’hébergement, bureaux admi­nis­tra­tifs, lieux de travail, de culte et de loisir, cime­tières, mais aussi centres de transit, bâteaux et trains, lieux de réins­tal­la­tion, etc.. Convaincus par exemple que la guerre et les dépla­ce­ments ont dégradé les corps, boule­versé les rapports de genre entre hommes et femmes et détruit ce qui était perçu comme les fron­tières entre l’enfance et l’âge adulte, les travailleurs huma­ni­taires surveillent la sexua­lité des DPs et créent des programmes de forma­tion profes­sion­nelle genrés[8]. La norme renvoie ainsi à la fois à un ensemble de règles écrites et expli­cites, y compris juri­diques, et à une série d’injonctions à adopter les compor­te­ments, les atti­tudes et les expres­sions corpo­relles et affec­tives jugées conve­nables et conformes à une époque et dans un lieu donnés.

Des conflits sur les normes qui doivent présider ce retour à la normale traversent le monde DPs. Les programmes huma­ni­taires sont régu­liè­re­ment criti­qués par des DPs qui leur reprochent de les infantiliser[9]. Des compor­te­ments consi­dérés comme déviants par certains travailleurs huma­ni­taires et les auto­rités mili­taires et civiles, comme les atteintes aux biens, peuvent paraître tout à fait légi­times aux DPs dans le contexte de pénurie de l’après-guerre. Des diffi­cultés de compré­hen­sion et de commu­ni­ca­tion, liées à la diver­sité des langues, des expé­riences et des visions du monde, peuvent peser sur l’interprétation des poli­tiques et des normes, y compris admi­nis­tra­tives. D’un autre côté, si certains prin­cipes font consensus, comme le retour des DPs à l’autonomie, des désac­cords profonds existent sur les moyens pour y parvenir. Les lignes de partage que dessinent ces conflits sont souvent plus complexes qu’il n’y paraît. Par exemple, les commu­nautés DPs juives sont elles-mêmes traver­sées par des débats sur les chemins que doit emprunter la recons­truc­tion intime et collec­tive, entre oubli, collecte des sources sur le géno­cide et vengeance symbo­lique, départ en Pales­tine ou réor­ga­ni­sa­tion de la vie juive en diaspora. Le retour à la normale se fait égale­ment à travers la mater­nité, le mariage et la réaf­fir­ma­tion des valeurs juives[10]. On observe dès lors certaines conver­gences dans la manière dont certaines élites DPs, notam­ment reli­gieuses, et certains travailleurs huma­ni­taires envi­sagent le retour à la « normale », en parti­cu­lier à travers la valo­ri­sa­tion du travail manuel, la recons­truc­tion des valeurs fami­liales et le contrôle du corps des femmes.

Si ces normes peuvent être négo­ciées, discu­tées, voire reje­tées par certains DPs, elles parti­cipent aussi de cette “paix violente” et sont édic­tées dans un rapport de force asymé­trique. Les missions de sélec­tion ainsi que les travailleurs huma­ni­taires les utilisent pour trier et exclure ceux et celles qui ne s’y conforment pas, notam­ment dans le cadre de la réins­tal­la­tion à l’étranger[11]. Certaines normes ont donc un impact majeur sur la vie et la trajec­toire des DPs. Le choix des missions de recru­te­ment améri­caines, cana­diennes, austra­liennes, britan­niques, fran­çaises, belges et autres est sévère : méde­cins et agents de recru­te­ment examinent rigou­reu­se­ment les corps et les compor­te­ments et refusent les mères céli­ba­taires, les malades mentaux, les tuber­cu­leux, les alcoo­liques ou les indi­vidus ayant commis des vols ou d’autres délits dans le chaos de la fin de la guerre. Les critères de hiérar­chi­sa­tion « ethnique », les consi­dé­ra­tions eugé­nistes et la sélec­tion par « natio­na­lités » s’expriment encore très forte­ment. En même temps, les travailleurs huma­ni­taires sont confrontés aux contra­dic­tions de leurs propres normes : les DPs doivent-ils et elles sacri­fier un aïeul malade et impro­ductif ou un enfant né hors-mariage pour obtenir un passage vers une nouvelle vie ? Quant aux DPs, quelles stra­té­gies déve­loppent-ils et elles pour surmonter ou contourner les rejets ? Au final, ceux et celles qui ne trouvent pas leur place dans ce système consti­tuent un noyau de réfu­giés “hard core”, terme déva­lo­ri­sant utilisé par les orga­ni­sa­tions inter­na­tio­nales pour quali­fier les DPs qui n’entrent réso­lu­ment pas dans la norme.

[1] Peter Gatrell “Trajec­to­ries of Popu­la­tion Displa­ce­ment in the After­maths of Two World Wars’, Jessica Reinisch et Eliza­beth White (dirs) The Disen­tan­gle­ment of Popu­la­tions. Migra­tion, Expul­sion and Displa­ce­ment in Postwar Europe, 1944–1949, Londres, Palgrave Macmillan, 2011, 3–26 ; Peter Gatrell, The Unset­tling of Europe. The Great Migra­tion, 1945 to the Present , Londres, Allen Lane, 2019.
[2] United Nations Relief and Reha­bi­li­ta­tion Admi­nis­tra­tion ; Inter­na­tional Refugee Organization.
[3] Sharif Gemie and Louise Rees “Repre­sen­ting and Recons­truc­ting Iden­ti­ties in the Postwar World : Refu­gees, UNRRA and Fred Zinnemann’s Film The Search”, Inter­na­tional Review of History, 56, 3 (2011), pp. 441–473 ; Silvia Salva­tici, ‘Sights of Bene­vo­lence. UNRRA’s Reci­pients Portrayed’, in Heide Fehren­bach and Davide Rodogno (eds.), Huma­ni­ta­rian Photo­graphy : A History, Cambridge : Cambridge Univer­sity Press, 2015, pp. 200–222.
[4] Julia Maspero “L’administration des personnes dépla­cées dans les zones fran­çaises d’occupation en Alle­magne et en Autriche : une poli­tique de la France en contexte de Guerre froide (1945–1951)”, thèse de doctorat, EHESS, 2021.
[5] Sur les DPs, Wolf­gang Jacob­meyer, Vom Zwang­sar­beiter zum heimat­losen Ausländer : Die Displaced Persons in West­deut­schland, 1945–1951, Gottingen : Vanden­hoeck & Ruprecht, 1985 ; Mark Wyman, DPs : Europe’s Displaced Persons, 1945–1951, Ithaca, NY : Cornell Univer­sity Press, 1998 ; Atina Gross­mann, Jews, Germans, and Allies : Close Encoun­ters in Occu­pied Germany. Prin­ceton, NJ : Prin­ceton Univer­sity Press, 2007 ; Anna D. Jaroszyńska-Kirchmann, The Exile Mission : The Polish Poli­tical Diaspora and Polish Ameri­cans, 1939–1956, Athens, Ohio Univer­sity Press, 2009 ; Laura Hilton, ‘Cultural Natio­na­lism in Exile : The Case of Polish and Latvian Displaced Persons’, The Histo­rian, vol. 71, no. 2 (2009), pp. 280–317 ; Anna Holian, Between National Socia­lism and Soviet Commu­nism. Displaced Persons in Postwar Germany, Ann Arbor, The Univer­sity of Michigan Press, 201 ; Ben Shephard, The Long Road Home : The After­math of the Second World War, Londres, Vintage, 2011 ; Tara Zahra, The Lost Chil­dren : Recons­truc­ting Europe’s Fami­lies after World War II, Cambridge, MA : Harvard Univer­sity Press, 2011 ; Daniel Cohen, In War’s Wake : Europe’s Displaced Persons in the Postwar Order, Oxford : Oxford Univer­sity Press, 2011 ; Jan-Hinnerk Antons, “Displaced Persons in Postwar Germany : Parallel Socie­ties in a Hostile Envi­ron­ment”, Journal of Contem­po­rary History, vol. 49, no. 1 (2014), pp. 92–114 ; Pamela Ballinger, ‘Impos­sible Returns, Endu­ring Lega­cies : Recent Histo­rio­graphy of Displa­ce­ment and the Recons­truc­tion of Europe after World War II’, Contem­po­rary Euro­pean History, vol. 22, no. 1 (2013), pp. 127–138 ; Peter Gatrell, The Making of the Modern Refugee, Oxford : Oxford Univer­sity Press, 2013 ; Corine Defrance, Juliette Denis and Julia Maspero (eds.), Personnes déplacées et guerre froide en Alle­magne occupée, Frank­furt am Main : Peter Lang, 2015, Ruth Balint Desti­na­tion Elsew­here. Displaced Persons and their Quest to Leave Postwar Europe Ithaca, Londres, Cornell Univer­sity Press, 2021 ; sur le retour à l’intime, Cabanes Bruno et Piketty Guillaume (dirs.), Retour à l’intime au sortir de la guerre, Paris, Tallan­dier, 2009.
[6] Peter Gatrell and Nick Baron (eds.), Warlands. Popu­la­tion Reset­tle­ment and State Recons­truc­tion in the Soviet-East Euro­pean Border­lands, 1945–1950 (Basing­stoke : Palgrave Macmillan, 2009), pp. 1–22 ; Daniel Cohen, “Un espace domes­tique d’après‑guerre : les camps de personnes déplacées dans l’Allemagne occupée”, in Bruno Cabanes and Guillaume Piketty (eds.), Retour à l’intime au sortir de la guerre, Paris, Tallan­dier, 2009, pp. 117–131 ; Lisa Haushofer, ‘The ‘Conta­mi­na­ting Agent’: UNRRA, Displaced Persons and Vene­real Disease in Germany, 1945–1947’, American Journal of Public Health, vol. 100, no. 6 (2010), pp. 993‑1003 ; Marga­rete Myers Fein­stein, Holo­caust Survi­vors in Postwar Germany, 1945–1957, Cambridge : Cambridge Univer­sity Press, 2010 ; Katar­zyna Nowak, “A Gloomy Carnival of Freedom. Sex, Gender, and Emotions among Polish Displaced Person in the After­math of World War Two’, Aspasia, 13, 1 (2019), 113–134 ; Laure Humbert, Rein­ven­ting French Aid. The Poli­tics of Huma­ni­ta­rian Relief in French Occu­pied Germany, 1945–1952, Cambridge, Cambridge Univer­sity Press, 2021.
[7] Tara Zahra, The Lost Chil­dren, op. cit.; Peter Gatrell, Popu­la­tion displa­ce­ment and mental health after the Second World War [short version, unpu­bli­shed]; Henning Borggräfe, Akim Jah, Nina Ritz and Stegffen Jost (eds.), Rebuil­ding Lives – Child Survi­vors and DP Chil­dren in the After­math of the Holo­caust and Forced Labor (Göttingen : Wall­stein Verlag, 2017).
[8] Silvia Salva­tici, ‘Le gouver­ne­ment anglais et les femmes réfugiées d’Europe après la Seconde Guerre mondiale’, Le Mouve­ment social, vol. 225, no. 4 (2008), pp. 53–63 ; Tara Zahra, ‘“The Psycho­lo­gical Marshall Plan”: Displa­ce­ment, Gender and Human Rights after World War II’, Central Euro­pean History, vol. 44, no. 1 (2011), pp. 37–62 ; Silvia Salva­tici, ‘Help the People to Help Them­selves’: UNRRA Relief Workers and Euro­pean Displaced Persons’, Journal of Refugee Studies, vol. 25, no. 3 (2012), pp. 452–473.
[9] Inta Gale Carpenter, ‘Folk­lore as a Source for Crea­ting Exile Iden­tity among Latvian Displaced Persons in Post-World War II Germany’, Journal of Baltic Studies, vol. 48, no. 2 (2017), pp. 205–233 ; Katar­zyna Nowak, ‘Voices of Revival. A Cultural History of Polish Displaced Persons in Allied-Occu­pied Germany and Austria, 1945–1952’, PhD thesis, Univer­sity of Manchester.
[10] Atina Gross­mann, ‘Trauma, memory and mothe­rhood : Germans and Jewish Displaced Persons in Post-Nazi Germany, 1945–1949’, Archiv für Sozial­ges­chichte, Vol. 38 (1998), pp 215–239 ; Gross­mann, Jews, Germans and Allies, op. cit.; Avinoam Patt and Michael Berko­witz (eds), We are here : New approaches to Jewish Displaced Persons in Postwar Germany (Detroit : Wayne State Univer­sity Press, 2010); Fein­stein, Holo­caust Survi­vors in Postwar Germany, op. cit.; Anna Hájková, ‘Intro­duc­tion : Sexua­lity, Holo­caust, Stigma’, German History, advanced reading first, 09 June 2020.
[11] Antoine Burgard, ‘Une nouvelle vie dans un nouveau pays. Trajec­toires d’orphelins de la Shoah vers le Canada (1947–1952)’, PhD thesis, Univer­sité du Québec à Montréal/Université Lumière Lyon 2 (2017); Ruth Balint, ‘Chil­dren Left Behind : Family, Refu­gees and Immi­gra­tion in Postwar Europe’, History Work­shop Journal, vol. 82 (2016), pp. 151–172.