SOUT : Daniela Ristic soutient sa thèse intitulée « L’accueil des migrant·e·s dans les espaces de marges (Calabre-Limousin). Entre invisibilisation, ressources pour les territoires et répression de l’hospitalité locale » — Mercredi 14 décembre 2022, 14h, Campus ENS Jourdan, Paris

Daniela Ristic, fellow de l’Institut Conver­gences Migra­tions, soutient sa thèse inti­tulée « L’ac­cueil des migrant·e·s dans les espaces de marges (Calabre-Limousin).Entre invi­si­bi­li­sa­tion, ressources pour les terri­toires et répres­sion de l’hos­pi­ta­lité locale ». La soute­nance aura lieu le mercredi 14 décembre 2022, à 14h, au campus ENS Jourdan (48 boule­vard Jourdan, 75014 Paris), salle P004.

Jury

  • Michel Agier, Direc­teur d’Études EHESS-CEMS, Direc­teur de Recherche IRD
  • Anto­nella Coco, Ricer­ca­trice docente, Univer­sità della Cala­bria (UNICAL), (rappor­teure)
  • Anne Gotman, Direc­trice de recherche, CNRS-CERLIS, Univer­sité de Paris
  • Serge Paugam, Direc­teur de recherche, CNRS-CMH, Direc­teur d’Études EHESS, (direc­teur de thèse)
  • Swanie Potot, Direc­trice de recherche, CNRS-URMIS, Univer­sité de Paris, Univer­sité Côte d’Azur, (rappor­teure)
  • Camille Schmoll, Direc­trice d’Études EHESS-Géographie-cités

Résumé

Cette thèse explore les effets de poli­tiques de disper­sion géogra­phique des personnes concer­nées par l’asile vers des villages et espaces de marges en Europe. Placé à l’entrecroisement des échelles d’analyse, l’objet d’étude révèle un paysage global d’« hospi­ta­lités commu­nales », recons­titué à partir de plusieurs cas d’étude. Un premier axe d’analyse inter­roge les diffé­rentes manières dont les acteur·ices locaux·les (muni­ci­pa­lités, asso­cia­tions et citoyen·nes), se réap­pro­prient l’enjeu migra­toire pour le convertir en une ressource pour ces terri­toires en déclin. Sont examinés les « ratio­na­lités » écono­miques et les cadres moraux qui sous-tendent les déci­sions locales d’accueillir et leurs varia­tions. Ces éléments sont confrontés aux expé­riences vécues par les migrant·es transféré·es vers ces lieux éloi­gnés des prin­ci­paux centres métro­po­li­tains. Si quelques parcours d’installation après les procé­dures d’asile viennent confi­gurer des formes d’autonomisation dans les marges, les expé­riences du séjour convergent vers des senti­ments de dépos­ses­sion du choix migra­toire et de forte relé­ga­tion. Le deuxième axe de la thèse mobi­lise une approche construc­ti­viste de l’action publique pour examiner les conflic­tua­lités, déca­lages et compé­né­tra­tions entre des cadres inter­pré­ta­tifs de l’accueil et de l’« inté­gra­tion » contras­tants. Pour contrer les obstacles dictés par les normes restric­tives de l’accueil et de l’asile, habitant·es et élu·es locaux·les élar­gissent l’hospitalité et les soli­da­rités au-delà des péri­mètres consentis par l’accueil des États. Ces pratiques résis­tantes révèlent les contraintes d’un « para­digme gestion­naire », et les contours rigides d’un accueil plan­cher, auquel « accueilli·es » et « accueillant·es » sont rappelé·es à l’ordre. La thèse s’achève par l’étude de ces conflic­tua­lités à partir de la crimi­na­li­sa­tion du « village de l’accueil » de Riace en Calabre. Le procès à l’hos­pi­ta­lité locale s’impose comme une arène publique privi­lé­giée de la répres­sion des soli­da­rités, et de l’exaltation du mono­pole gestion­naire de l’accueil institutionnel.

Mots-clés :
Accueil ; Asile ; Crimi­na­li­sa­tion de la soli­da­rité ; Disper­sion ; Espaces de marges ; Migrant·es ; Para­digme gestion­naire ; Résis­tances locales.