Mardi 20 septembre 2022 — 4ème journée scientifique de l’ICM

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Cette journée scien­ti­fique se veut un espace de réflexion et d’échanges sur la grille d’analyse que peut apporter le concept de « racia­li­sa­tion » aux travaux sur les migra­tions et les discri­mi­na­tions.

Le concept de racia­li­sa­tion, dont on trouve dabord une occur­rence sous la plume de Frantz Fanon en 1961, est défini pour la première fois par le socio­logue britan­nique Michael Banton en 1977 et s’est diffusé dans les sciences sociales à partir du début des années 1980. Il désigne le processus social qui conduit à la produc­tion et à la mobi­li­sa­tion d’un mode de caté­go­ri­sa­tion hiérar­chisée des popu­la­tions humaines selon des carac­té­ris­tiques essen­tia­li­sées telles que la couleur de peau, le phéno­type, l’ori­gine généa­lo­gique, mais aussi la culture ou la reli­gion, carac­té­ris­tiques résu­mées dans leur race supposée. Le concept permet de rendre compte de la dimen­sion mouvante et en constante construc­tion du phéno­mène de la race, en s’af­fran­chis­sant de la pers­pec­tive essen­tia­liste pour la replacer dans les rapports sociaux et les processus de domi­na­tion. Au sens discursif, la racia­li­sa­tion peut égale­ment dési­gner la place gran­dis­sante que la race prend dans les repré­sen­ta­tions du monde et son intel­li­gi­bi­lité, sans toujours que le mot « race » lui-même soit expli­ci­te­ment manié.

Le concept fait l’objet d’un certain nombre de débats dans les champs acadé­miques, poli­tiques, média­tiques et mili­tants, qui concernent aussi bien son champ d’application, la perti­nence de son usage dans le contexte fran­çais, ou encore l’imprécision du phéno­mène qu’il est censé caractériser.

Cette journée sera l’occasion de faire le point sur ce concept, en le discu­tant et en reve­nant sur sa récep­tion, les contes­ta­tions dont il fait l’objet et ce qu’il permet de mettre en évidence à travers la présen­ta­tion de travaux empi­riques qui y ont recours. Elle sera égale­ment l’occasion de présenter son usage dans d’autres contextes natio­naux, où il peut égale­ment faire débat, afin de mettre en pers­pec­tive le débat français.

Programme

Pour illus­trer le thème de la journée scien­ti­fique, nous avons choisi une photo­gra­phie de l’ar­tiste Astrid Liliana Angulo Cortés (Colombie). Il s’agit d’un extrait de la série Negra Menta créée en 2000. Dans cette série, Astrid Liliana Angula Cortés explore l’identité afro-colom­bienne des femmes et la manière dont la société les perçoit ces femmes et leurs corps. En plaçant cette figure au centre de sa photo­gra­phie, en tant que sujet et non qu’objet, elle entend inverser la direc­tion habi­tuelle du regard colo­nial et racia­li­sant. De fait, elle inter­roge à la fois la produc­tion de la racia­li­sa­tion et son inscrip­tion dans les corps des femmes noires de Colombie. Pour en savoir plus sur cette série et pour décou­vrir le travail de l’ar­tiste, lire cet article.

Organisation 

Solène Brun, cher­cheuse post-docto­rante et coor­di­na­trice scien­ti­fique du dépar­te­ment INTEGER de l’ICM
Angé­line Escafré-Dublet, maîtresse de confé­rences en science poli­tique à l’Université Lumière Lyon 2 et direc­trice du dépar­te­ment INTEGER de l’ICM
Narguesse Keyhani, maîtresse de confé­rences en science poli­tique à l’Université Lumière Lyon 2 et fellow de l’ICM
Patrick Simon, direc­teur de recherches à l’Ined et co-direc­teur du dépar­te­ment Forma­tion de l’ICM

Lieu 

Campus Condorcet, Centre des Colloques, Audi­to­rium 250

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