« Ouvrez les frontières ! Ouvrez les villes ! » : L’effet paradoxal des politiques d’hébergement sur la vulnérabilité des femmes migrantes à Athènes
Résumé
Cet article entreprend d’analyser, par une étude genrée, l’impact paradoxal du programme d’hébergement pour les migrants « vulnérables » (ESTIA) sur les femmes en exil, dans la ville d’Athènes. Il s’agira d’abord de s’intéresser au processus de sélection des « vulnérables », en montrant qu’il s’appuie sur des représentations genrées de la vulnérabilité : par conséquent, pour pouvoir intégrer le programme d’hébergement, les femmes sont contraintes de performer la vulnérabilité conformément aux attentes implicites des travailleurs sociaux. Pour comprendre toute l’ambivalence de ce programme, pensé à la fois comme une aide humanitaire et une politique d’intégration, nous analyserons ensuite ce qu’il advient aux femmes reconnues vulnérables, une fois qu’elles sont sorties du programme. Devant la difficulté de trouver un emploi légal et de louer un appartement, la plupart se retrouve à la rue. L’étude de leur parcours dans la ville met alors en perspective le paradoxe de politiques publiques d’hébergement pour les « vulnérables », qui, fonctionnant par sélection, exclusion, et à court terme, renforcent les rapports de domination multiples que subissent les femmes et leur exposition à la violence.
URL de référence : https://journals.openedition.org/eps/11692