- INVITES : MARTIN ARANGUREN, sociologue, chargé de recherche au CNRS, Observatoire Sociologique du Changement (Sciences Po), Fellow de l’ICM ; ARNAUD BANOS, géographe, directeur de recherche CNRS à l’UMR IDEES, Université Le Havre Normandie, sauveteur en mer à la SNSM, Fellow de l’ICM ; GWEN LE GOFF, doctorante en science politique à l’université Lyon 2 et au laboratoire Triangle, Directrice adjointe Orspere-Samdarra, directrice adjointe de publication de la revue Rhizome ;
- MODERATION : NICOLAS CHAMBON, sociologue, responsable recherche Orspere-Samdarra, MCF associé à Lyon 2, Centre Max Weber, directeur de publication de la revue Rhizome, collaborateur scientifique de la Revue Française des Affaires Sociales, Fellow de l’ICM ; ANDREA TORTELLI, Psychiatre, Pôle Psychiatrie Précarité – Capsys – Groupement hospitalier universitaire Psychiatrie Neurosciences de Paris, Fellow de l’ICM.
- Lieu : Salle 0.009 (rez-de-chaussée), Bâtiment de recherche Nord, Campus Condorcet, Aubervilliers (Métro : ligne 12, station de métro ‘Front populaire’). Format : Hybride, veuillez contacter la coordinatrice scientifique du département si vous souhaitez participer à cet évènement en ligne ;
- PROGRAMME:Rendre visible et comprendre la dimension pragmatiste, sociale et politique de l’expérience traumatogène de la migrationCe séminaire propose trois interventions qui cherchent, de différentes manières, à visibiliser la dimension traumatogène des épreuves de la migration. Cette visibilisation peut se faire par la recherche (en documentant par exemple les « stresseurs » de la discrimination), par des activités militantes, mais aussi par l’action des pouvoirs publics, sans que l’une soit exclusive de l’autre. Ce séminaire sera ainsi l’occasion de discuter des problématiques de santé mentale des personnes migrantes aujourd’hui, et possiblement d’envisager des recherches conjointes sur ce sujet.
In Europe Blacks and highly religious Muslim women are more depressed than average partly because they are discriminated against
Martin Aranguren, sociologue, chargé de recherche au CNRS, Observatoire Sociologique du Changement (Sciences Po), Fellow de l’ICM
The association between perceived discrimination and adverse mental health outcomes is well-documented. However, the focus of this literature has been on differences within groups (e.g. among Blacks differently exposed to discrimination), leaving unadressed the role of discrimination in the generation of mental health disparities between groups (e.g. Blacks vs. Whites). Also, its methodological validity is compromised by almost exclusive reliance on cross-sectional designs and self-reported measurements of discrimination. To fill these gaps, the article examines whether discrimination creates disparities in depressive symptoms between the majority and two minority groups in Europe. Using the social stress model as a theoretical guide, the research combines data from the European Social Survey with evidence from field experiments on social interactions. The results from this multi-method research shows that Blacks and highly religious Muslim women, in Europe in general and France in particular, arise as groups with increased levels of depression that can be at least partly imputed to discrimination in day-to-day interactions.
Traverser la Méditerranée, jusqu’au bout de l’horreur
Arnaud Banos, géographe, directeur de recherche CNRS à l’UMR IDEES, Université Le Havre Normandie (<https://umr-idees.fr/user/arnaud-banos/>). Il est également sauveteur en mer à la SNSM (station du Havre <https://station-lehavre.snsm.org/>), ainsi qu’au sein des ONG Sea-Eye <https://sea-eye.org/en/> et Refugee Rescue <https://www.refugeerescue.org/>. Depuis 2019, il a participé à 6 missions de sauvetage en Méditerranée et se prépare à reprendre la mer en tant que chef de missions sur le Sea-Eye 4, Fellow de l’ICM
La Méditerranée reste la route migratoire la plus dangereuse au monde. Celles et ceux qui tentent la traversée, entassés sur de fragiles esquifs, doivent affronter non seulement la mer et ses aléas, mais également la brutalité de ceux qui, toujours plus nombreux, cherchent à leur barrer le passage, en une sorte d’apothéose de l’horreur. Les naufragés qui sont secourus et pris en charge par les ONG témoignent souvent, avec une grande simplicité, des drames vécus et des souffrances endurées pendant leur longue itinérance.
La gestion de ces témoignages par les sauveteurs embarqués, la plupart du temps non formés à la prise en charge de personnes aussi traumatisées, s’effectue la plupart du temps dans la douleur. Ce partage de l’horreur fait partie intégrante des missions de sauvetage et c’est à un témoignage que je vous invite, à travers cette présentation.
Les enjeux sociaux et politiques de la prise en charge du psychotraumatisme des personnes migrantes
Gwen Le Goff, doctorante en science politique à l’université Lyon 2 et au laboratoire Triangle, Directrice adjointe Orspere-Samdarra, directrice adjointe de publication de la revue Rhizome, Fellow de l’ICM
Les demandeurs d’asile ou réfugiés quittent généralement des situations de conflits armés, de violence généralisée, ou d’instabilité politique. La migration, dans ce contexte, constitue un évènement à potentiel traumatique notamment par l’exposition à des formes de violence « extrêmes » : la torture, la traite des êtres humains, la guerre… La littérature internationale documente de manière importante les relations entre l’exposition à des évènements potentiellement traumatiques et la détresse psychologique avec des taux importants de Stress post traumatique (PTSD) et de dépression parmi les populations réfugiés (Gorst-Unsworth et al. 1998, Porter et al. 2005). L’une des caractéristiques du psychotrauma chez les personnes migrantes est l’importance de la prévalence des « traumas complexes ».
Je documenterai (à partir d’entretiens auprès de ces acteurs) comment le psychotrauma est considéré comme l’une des vulnérabilités auquel la puissance publique accorde aujourd’hui de l’importance. Ainsi, nous chercherons à discuter comment ces perspectives viennent en tension avec le pratique des professionnels, notamment dans les centres de soins spécialisés pour la prise en charge du psychotraumatisme.