Vendredi 8 Avril 2022 ― Séminaire HEALTH : Rendre visible et comprendre la dimension pragmatiste, sociale et politique de l’expérience traumatogène de la migration

  • INVITES : MARTIN ARANGUREN, socio­logue, chargé de recherche au CNRS, Obser­va­toire Socio­lo­gique du Chan­ge­ment (Sciences Po), Fellow de l’ICM ; ARNAUD BANOS, géographe, direc­teur de recherche CNRS à l’UMR IDEES, Univer­sité Le Havre Normandie, sauve­teur en mer à la SNSM, Fellow de l’ICM ; GWEN LE GOFF, docto­rante en science poli­tique à l’université Lyon 2 et au labo­ra­toire Triangle, Direc­trice adjointe Orspere-Samdarra, direc­trice adjointe de publi­ca­tion de la revue Rhizome ;
  • MODERATION : NICOLAS CHAMBON, socio­logue, respon­sable recherche Orspere-Samdarra, MCF associé à Lyon 2, Centre Max Weber, direc­teur de publi­ca­tion de la revue Rhizome, colla­bo­ra­teur scien­ti­fique de la Revue Fran­çaise des Affaires Sociales, Fellow de l’ICM ; ANDREA TORTELLI, Psychiatre, Pôle Psychia­trie Préca­rité – Capsys – Grou­pe­ment hospi­ta­lier univer­si­taire Psychia­trie Neuros­ciences de Paris, Fellow de l’ICM.
  • Lieu : Salle 0.009 (rez-de-chaussée), Bâti­ment de recherche Nord, Campus Condorcet, Auber­vil­liers (Métro : ligne 12, station de métro ‘Front popu­laire’). Format : Hybride, veuillez contacter la coor­di­na­trice scien­ti­fique du dépar­te­ment si vous souhaitez parti­ciper à cet évène­ment en ligne ;
  • PROGRAMME:Rendre visible et comprendre la dimen­sion prag­ma­tiste, sociale et poli­tique de l’expérience trau­ma­to­gène de la migra­tionCe sémi­naire propose trois inter­ven­tions qui cherchent, de diffé­rentes manières, à visi­bi­liser la dimen­sion trau­ma­to­gène des épreuves de la migra­tion. Cette visi­bi­li­sa­tion peut se faire par la recherche (en docu­men­tant par exemple les « stres­seurs » de la discri­mi­na­tion), par des acti­vités mili­tantes, mais aussi par l’action des pouvoirs publics, sans que l’une soit exclu­sive de l’autre. Ce sémi­naire sera ainsi l’occasion de discuter des problé­ma­tiques de santé mentale des personnes migrantes aujourd’hui, et possi­ble­ment d’envisager des recherches conjointes sur ce sujet.

    In Europe Blacks and highly reli­gious Muslim women are more depressed than average partly because they are discri­mi­nated against

    Martin Aran­guren, socio­logue, chargé de recherche au CNRS, Obser­va­toire Socio­lo­gique du Chan­ge­ment (Sciences Po), Fellow de l’ICM

    The asso­cia­tion between perceived discri­mi­na­tion and adverse mental health outcomes is well-docu­mented. However, the focus of this lite­ra­ture has been on diffe­rences within groups (e.g. among Blacks diffe­rently exposed to discri­mi­na­tion), leaving unadressed the role of discri­mi­na­tion in the gene­ra­tion of mental health dispa­ri­ties between groups (e.g. Blacks vs. Whites). Also, its metho­do­lo­gical vali­dity is compro­mised by almost exclu­sive reliance on cross-sectional designs and self-reported measu­re­ments of discri­mi­na­tion. To fill these gaps, the article examines whether discri­mi­na­tion creates dispa­ri­ties in depres­sive symp­toms between the majo­rity and two mino­rity groups in Europe. Using the social stress model as a theo­re­tical guide, the research combines data from the Euro­pean Social Survey with evidence from field expe­ri­ments on social inter­ac­tions. The results from this multi-method research shows that Blacks and highly reli­gious Muslim women, in Europe in general and France in parti­cular, arise as groups with increased levels of depres­sion that can be at least partly imputed to discri­mi­na­tion in day-to-day interactions.

    Traverser la Médi­ter­ranée, jusqu’au bout de l’horreur 

    Arnaud Banos, géographe, direc­teur de recherche CNRS à l’UMR IDEES, Univer­sité Le Havre Normandie (<https://​umr​-idees​.fr/​u​s​e​r​/​a​r​n​a​u​d​-​banos/>). Il est égale­ment sauve­teur en mer à la SNSM (station du Havre <https://​station​-lehavre​.snsm​.org/>), ainsi qu’au sein des ONG Sea-Eye <https://​sea​-eye​.org/en/> et Refugee Rescue <https://​www​.refu​gee​rescue​.org/>. Depuis 2019, il a parti­cipé à 6 missions de sauve­tage en Médi­ter­ranée et se prépare à reprendre la mer en tant que chef de missions sur le Sea-Eye 4, Fellow de l’ICM

    La Médi­ter­ranée reste la route migra­toire la plus dange­reuse au monde. Celles et ceux qui tentent la traversée, entassés sur de fragiles esquifs, doivent affronter non seule­ment la mer et ses aléas, mais égale­ment la bruta­lité de ceux qui, toujours plus nombreux, cherchent à leur barrer le passage, en une sorte d’apo­théose de l’hor­reur. Les naufragés qui sont secourus et pris en charge par les ONG témoignent souvent, avec une grande simpli­cité, des drames vécus et des souf­frances endu­rées pendant leur longue itinérance.

    La gestion de ces témoi­gnages par les sauve­teurs embar­qués, la plupart du temps non formés à la prise en charge de personnes aussi trau­ma­ti­sées, s’ef­fectue la plupart du temps dans la douleur. Ce partage de l’hor­reur fait partie inté­grante des missions de sauve­tage et c’est à un témoi­gnage que je vous invite, à travers cette présentation.

    Les enjeux sociaux et poli­tiques de la prise en charge du psycho­trau­ma­tisme des personnes migrantes

    Gwen Le Goff, docto­rante en science poli­tique à l’université Lyon 2 et au labo­ra­toire Triangle, Direc­trice adjointe Orspere-Samdarra, direc­trice adjointe de publi­ca­tion de la revue Rhizome, Fellow de l’ICM

    Les deman­deurs d’asile ou réfu­giés quittent géné­ra­le­ment des situa­tions de conflits armés, de violence géné­ra­lisée, ou d’instabilité poli­tique. La migra­tion, dans ce contexte, constitue un évène­ment à poten­tiel trau­ma­tique notam­ment par l’exposition à des formes de violence « extrêmes » : la torture, la traite des êtres humains, la guerre… La litté­ra­ture inter­na­tio­nale docu­mente de manière impor­tante les rela­tions entre l’exposition à des évène­ments poten­tiel­le­ment trau­ma­tiques et la détresse psycho­lo­gique avec des taux impor­tants de Stress post trau­ma­tique (PTSD) et de dépres­sion parmi les popu­la­tions réfu­giés (Gorst-Unsworth et al. 1998, Porter et al. 2005). L’une des carac­té­ris­tiques du psycho­trauma chez les personnes migrantes est l’importance de la préva­lence des « traumas complexes ».

    Je docu­men­terai (à partir d’entretiens auprès de ces acteurs) comment le psycho­trauma est consi­déré comme l’une des vulné­ra­bi­lités auquel la puis­sance publique accorde aujourd’hui de l’importance. Ainsi, nous cher­che­rons à discuter comment ces pers­pec­tives viennent en tension avec le pratique des profes­sion­nels, notam­ment dans les centres de soins spécia­lisés pour la prise en charge du psychotraumatisme.