- INVITES :
VIRGINIE CHASLES (Professeure de géographie, Université Jean Monnet Saint-Étienne, UMR Environnement, Ville, Société – 5600 CNRS) & SEBASTIEN FLEURET (Directeur de recherche CNRS)
EVA RENAUDEAU, doctorante EHESS, Fellow de l’ICM
CLELIA GASQUET-BLANCHAR (EHESP, UMR ESO, Fellow de l’ICM), ANNE-CECILE HOYEZ (CNRS UMR ESO, Fellow de l’ICM), PAULA CRISTOFALO(EHESP, UMR ARENES), MAUD GELLY (CRESPPA-CSU CNRS)
MARTON ANGYAN, doctorant EHESS, CMH, Fellow de l’ICM
Modération : AUDREY BOCHATON, Maître de conférences, Université Paris Nanterre la Défense, Laboratoire LADYSS UMR7533, Fellow de l’ICM.
- HORAIRES ET LIEU :
10h30 – 13h30 : Salle 3.01, centre des colloques, Campus Condorcet, Aubervilliers (Métro : ligne 12, station de métro ‘Front populaire’)
- PROGRAMME :
Introduction
Sarah Boisson, Doctorante contractuelle au CNRS, rattachée à l’Unité de recherches Migrations et société de Nice (Urmis), Fellow de l’ICM
Le « tourisme médical », une mobilité mal nommée ?
Virginie Chasles (Professeure de géographie, Université Jean Monnet Saint-Étienne,UMR Environnement, Ville, Société – 5600 CNRS) & Sébastien Fleuret (Directeur de recherche CNRS)
Les dernières décennies ont été marquées par la mise en visibilité et l’expansion d’une mobilité de santé ancienne, improprement appelée « tourisme médical ». Cette expression, bien plus journalistique que scientifique, se réfère au déplacement de personnes allant dans un pays autre que leur pays de résidence, dans le but de bénéficier d’un acte médical non disponible ou difficilement accessible dans leur propre pays, soit pour des raisons de législation soit pour des raisons relatives à l’offre de soins (compétences, coût) (Hottois & Missa, 2001). Cette définition révèle d’emblée le caractère impropre de l’expression « tourisme médical ». Cette présentation vise donc à déconstruire cette expression de « tourisme médical » en montrant d’abord dans quelle mesure la motivation médicale supplante celle touristique. En plus d’être mal nommée, cette mobilité est par ailleurs souvent présentée de façon très réductrice. Il s’agira donc aussi de montrer la diversité des flux qui composent ce phénomène et aussi la complexité des facteurs d’attractivité des territoires recevant des « touristes médicaux », cette attractivité ne pouvant être réduite à des facteurs matériels (coût, disponibilité et qualité des soins), les facteurs immatériels étant tout aussi importants (recherche d’anonymat, attachement au lieu, proximité culturelle, plus grande liberté et plus largement : bien-être). Une autre simplification à déconstruire est celle relative au profil social et spatial des patients engagés dans le tourisme médical. Si l’image d’un patient du Nord, issu de la classe moyenne et allant se faire soigner dans un pays du Sud, semble prédominer, en réalité, on observe une pluralité de profils sociaux engagés dans cette mobilité. Tous ces aspects invitent donc à adopter une vision large du « tourisme de santé ». Enfin, si le « tourisme médical » doit être déconstruit, il importe néanmoins de ne pas complètement le balayer et de s’interroger sur ses impacts sociaux et spatiaux, en termes d’accès aux soins par exemple pour les populations locales (métropolisation et privatisation des soins dans les pays d’arrivée, délocalisation des soins dans les pays de départ …), et ses enjeux éthiques.
Le gros débat des nanas qui doivent accoucher c’est que souvent elles veulent rentrer en France » : Quelles trajectoires périnatales pour les Françaises résidant en Roumanie
Eva Renaudeau, doctorante EHESS, Fellow de l’ICM
Issue d’un travail de thèse en cours sur les trajectoires thérapeutiques des français·e·s résidant en Roumanie, cette communication s’intéressera plus particulièrement aux trajectoires périnatales. Qu’est-ce qui amène ces femmes à choisir une structure de santé plutôt qu’une autre et à décider du pays dans lequel accoucher ? À partir des trajectoires de plusieurs femmes entre la France et Bucarest, nous regarderons d’abord ce qui caractérise ces migrations puis la manière dont se vit la grossesse en contexte de migration. Nous verrons ensuite les savoirs et pratiques mobilisés dans la construction du parcours périnatale et dans le choix du pays d’accouchement. Cela permet d’interroger, de manière plus générale, l’expérience de la périnatalité dans un contexte de migrations considéré comme privilégiées (Lundström 2014).
A la recherche de la maternité idéale. La mobilité, sésame de l’accouchement rêvé des élites économiques ?
Clélia Gasquet-Blanchard (EHESP, UMR ESO, Fellow de l’ICM), Anne-Cécile Hoyez (CNRS UMR ESO, Fellow de l’ICM), Paula Cristofalo (EHESP, UMR ARENES), Maud Gelly (CRESPPA-CSU CNRS)
Cette communication porte sur les rapports à l’accouchement au sein d’une maternité privée recevant des patientes internationales issues de classes sociales privilégiées (économiquement) (Gelly, Cristofalo, Gasquet-Blanchard, 2021). Cette analyse s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche sur les trajectoires et rapports sociaux en périnatalité (projet TRASOPER, financé par la MSHB/U. Rennes 2/EHESP) et s’ouvre à des réflexions sur les mobilités, les circulations et les migrations dans le champ de la santé. Alors que nous travaillions habituellement auprès de personnes « en migration » pour des raisons économiques et/ou politiques, nous avons été confrontées à des femmes issues des élites internationales, plutôt « mobiles » que « migrantes », et peu confrontées à des contraintes économiques (Wagner, 2005). Nous proposons une discussion portant d’une part sur les registres de mobilité, de circulation et de migration de ces femmes, et d’autre part sur les logiques animant les rapports sociaux observés entre ces femmes et les personnels soignants autour de la grossesse. Ainsi, nous chercherons à montrer comment la grossesse et l’accouchement, pour ces femmes et les personnes qui les prennent en soin, reposent sur des agencements spatiaux et temporels inédits, aussi bien à l’échelle de leurs espaces de circulation transnational qu’à l’échelle de l’établissement qu’elles ont sélectionné pour accoucher.
Contourner l’ordre dentaire français par la voie internationale : sociologie des usagers du « tourisme dentaire » hongrois
Marton Angyan, doctorant EHESS, CMH, Fellow de l’ICM
Cette communication repose sur un travail doctoral portant sur les français·e·s qui se rendent en Hongrie afin de bénéficier de soins dentaires importants et sur les conditions de possibilité de ce phénomène, qu’elles soient historiques, sociales, économiques, juridiques, corporelles, voire morales. En m’appuyant sur les premiers résultats d’une enquête par entretiens auprès d’une quarantaine d’usager·e·s, je propose d’interroger au-delà de la seule question économique, les motivations et déterminants au départ de mes interlocuteur·ice·s. Si leurs âges, situations professionnelles et économiques sont variées, je montre que certaines dispositions sociales sous-tendent ces circulations à destination de la Hongrie et discute l’hypothèse qu’il est possible de reconstruire des « carrières » (Darmon, 2008) de contournement de l’ordre dentaire français par la voie internationale. La communication entend ainsi nourrir le débat sur les circulations médicales et interroger ses dynamiques au sein de l’Union Européenne, espace traversé par des inégalités et des hiérarchies qui se construisent dans l’articulation entre position sociale et appartenance nationale (Hugrée, Pénissat, Spire, 2017).