Pour la France, les discours publics sur les migrants de l’ancien empire colonial et leurs descendants réduisent bien souvent ceux-ci aux ressortissants de l’Afrique.
Cet ouvrage retrace l’histoire des 20.000 Indochinois requis en métropole en 1939 par le ministère du Travail dans les usines travaillant pour la Défense Nationale avant d’être pour partie rapatriés entre 1948 et 1952. L’expérience de la transplantation d’une main‑d’œuvre coloniale s’est accompagnée d’une souffrance extrême, matérielle et morale, pour l’ensemble des requis. Pour autant la démarche socio-historique mise en œuvre met en évidence l’extrême diversité de situations et de parcours sociaux que masque l’entité « Travailleurs indochinois » et le poids du déterminisme social dans l’expérience migratoire. L’auteure interroge les notions de « fractures coloniales » et d’« imaginaire colonial », en montrant que les représentations des « travailleurs indochinois », une catégorie d’immigration postcoloniale, sont le produit d’une lutte et d’une coproduction où l’élite lettrée des Indochinois a joué un rôle majeur.
Ce travail s’inscrit dans le champ des études post-coloniales. Dans le sillage des mouvements de revendications d’appartenance identitaire partis des États-Unis dans les années 1980, on assiste en France à l’expression des mouvements de descendants qui se perçoivent comme membre d’une minorité issue d’opprimés et qui veulent faire connaître leur histoire.
Préface de Gérard Noiriel.
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