PUBLI : Liêm-Khê Luguern, Les « Travailleurs indochinois ». Étude socio-historique d’une immigration coloniale (1939–1954), Les Indes savantes, collection Etudes sur l’Asie, 2021, 662 p.

Pour la France, les discours publics sur les migrants de l’ancien empire colo­nial et leurs descen­dants réduisent bien souvent ceux-ci aux ressor­tis­sants de l’Afrique.

Cet ouvrage retrace l’histoire des 20.000 Indo­chi­nois requis en métro­pole en 1939 par le minis­tère du Travail dans les usines travaillant pour la Défense Natio­nale avant d’être pour partie rapa­triés entre 1948 et 1952. L’expérience de la trans­plan­ta­tion d’une main‑d’œuvre colo­niale s’est accom­pa­gnée d’une souf­france extrême, maté­rielle et morale, pour l’ensemble des requis. Pour autant la démarche socio-histo­rique mise en œuvre met en évidence l’extrême diver­sité de situa­tions et de parcours sociaux que masque l’entité « Travailleurs indo­chi­nois » et le poids du déter­mi­nisme social dans l’expérience migra­toire. L’auteure inter­roge les notions de « frac­tures colo­niales » et d’« imagi­naire colo­nial », en montrant que les repré­sen­ta­tions des « travailleurs indo­chi­nois », une caté­gorie d’immigration post­co­lo­niale, sont le produit d’une lutte et d’une copro­duc­tion où l’élite lettrée des Indo­chi­nois a joué un rôle majeur.

Ce travail s’inscrit dans le champ des études post-colo­niales. Dans le sillage des mouve­ments de reven­di­ca­tions d’appartenance iden­ti­taire partis des États-Unis dans les années 1980, on assiste en France à l’expression des mouve­ments de descen­dants qui se perçoivent comme membre d’une mino­rité issue d’opprimés et qui veulent faire connaître leur histoire.

Préface de Gérard Noiriel.

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