La nouvelle séance du Ciné-Club est consacrée au film de Tuyet Pham, réalisatrice et professeur de français en Seine-Saint-Denis. La Prunelle de mes yeux réalisé en 2016 est le récit d’une découverte faite par Tuyet Pham lors de la recherche de preuves de sa nationalité à l’occasion de la perte de sa carte nationale d’identité française.
Son film, aidé par l’association Périphérie dans le cadre du dispositif « Film accueilli », a été programmé à Lyon dans le cadre du festival Images migrantes. À cette occasion, Marina Chauliac, fellow de l’Institut l’a interviewée. On peut également découvrir le travail que Tuyet Pham a réalisé avec une classe du collège Jean Moulin à Montreuil Dans la prunelle de leurs yeux.
La durée pendant laquelle les liens de visionnage demeurent actifs n’est pas dépendante de l’Institut Convergences Migrations.
À propos du film
En 2006, la réalisatrice Tuyet Pham, réfugiée du Viêt-Nam et citoyenne française depuis 1975, perd ses papiers d’identité. La demande de renouvellement de sa carte d’identité vire au cauchemar administratif : elle doit retrouver l’acte de naissance de son arrière grand-père français, colon dans ce qu’on appelait alors le Tonkin.
Cette situation l’amène à revisiter son passé d’adolescente (le départ pour la France, l’accueil en foyer, le déclassement social de ses parents…). À la recherche de traces et de témoignages de son entourage, elle entreprend d’exhumer son histoire familiale et se heurte aux réticences à aborder frontalement un passé intimement lié à l’histoire coloniale de la France. Dès lors, ce sont autant les récits qui s’entrecroisent que les silences qui transparaissent dans ses images d’une grande poésie.
Dans un dialogue intime avec le spectateur, la réalisatrice aborde également la question de l’identité imposée et vécue, la quête et la transmission de son histoire familiale. Au-delà de la violence administrative, c’est aussi les processus d’incorporation d’une nouvelle culture qui émerge, notamment à travers le rapport musical, quasi charnel qu’elle entretient avec la langue.
Marina Chauliac
Anthropologue
Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain