PUBLI : François Gemenne, On a tous un ami noir, fayard, 2020

Présen­ta­tion

Sans angé­lisme ni dogma­tisme, ce livre apai­sera le débat public sur le sujet de l’im­mi­gra­tion, en l’éclairant de réflexions inédites : celles issues d’expériences étran­gères, celles produites par la recherche et celles de l’auteur enfin, spécia­liste de ces ques­tions et lui-même étranger vivant en France depuis plus de douze ans.

Pas une semaine ne s’écoule sans qu’éclate une nouvelle polé­mique sur les migra­tions : violences poli­cières, voile dans l’espace public, discri­mi­na­tions, quotas, fron­tières… Les débats sur ces sujets sont devenus tendus, pola­risés et passion­nels, tandis que la parole raciste s’est libérée, relayée avec force par des acti­vistes iden­ti­taires. Collec­ti­ve­ment, on a accepté de penser les migra­tions à partir des ques­tions posées par l’extrême-droite, en utili­sant même son voca­bu­laire. Quant à nous, cher­cheurs, nous nous sommes souvent retrouvés réduits à devoir débus­quer rumeurs et mensonges, qu’il s’agisse de dénoncer le mythe de l’appel d’air ou du grand remplacement.

Nos sociétés reste­ront malades de ces ques­tions tant qu’elles conti­nue­ront à les envi­sager sous l’unique prisme des idéo­lo­gies. C’est toute l’ambition de ce livre : montrer qu’il est possible de penser ces sujets de manière ration­nelle et apaisée, en les éclai­rant de réflexions et de faits qui sont bien trop souvent absents des débats. En montrant, par exemple, que les passeurs sont les premiers béné­fi­ciaires de la ferme­ture des fron­tières. Ou que la migra­tion repré­sente un inves­tis­se­ment consi­dé­rable pour ceux qui partent, alors qu’ils se retrouvent souvent décrits comme la « misère du monde ».

Les ques­tions d’identité collec­tive doivent être des enjeux qui nous rassemblent, plutôt que des clivages qui nous opposent. À condi­tion de recon­naître et d’affronter les problèmes struc­tu­rels de racisme dans nos sociétés. Après tout, on a tous un ami noir.