PUBLI : Muriel Cohen, Des familles invisibles Les Algériens de France entre intégrations et discriminations (1945–1985), Presses universitaires de la Sorbonne, 2020

Présentation

L’im­mi­gra­tion algé­rienne des années 1950–1970 reste aujourd’hui large­ment pensée comme une immi­gra­tion mascu­line et tempo­raire, logée dans des baraques de bidon­villes et des foyers Sona­cotra. Dans cette pers­pec­tive, l’ins­tau­ra­tion du regrou­pe­ment fami­lial en 1976 est présentée comme un tour­nant majeur pour la société fran­çaise, à l’ori­gine notam­ment de la crise des banlieues. Pour­tant, entre 1945 et 1975, le nombre de familles algé­riennes en France était déjà passé de quelques milliers à 80 000 environ. Qui sont ces familles ? Dans quelle mesure ont-elles fait l’objet de discri­mi­na­tions spéci­fiques dans le contexte de la déco­lo­ni­sa­tion ? Ont-elles majo­ri­tai­re­ment connu le parcours « du bidon­ville au HLM » ? Cette recherche centrée sur l’ouest de la région pari­sienne s’appuie à la fois sur des archives admi­nis­tra­tives et poli­tiques, des dossiers indi­vi­duels, des entre­tiens et sur les archives privées de Monique Hervo, « établie » dans les bidon­villes et les cités de transit de Nanterre. Elle porte à la fois sur les poli­tiques mises en place à l’égard des familles algé­riennes et sur l’expérience vécue des migrants. À partir de ces maté­riaux inédits, une autre image de l’immigration algé­rienne se dessine. Celle d’une immi­gra­tion fami­liale préco­ce­ment enra­cinée, et de familles invi­sibles car, hors des bidon­villes, elles échappent à la prise en charge étatique et aux repré­sen­ta­tions misérabilistes.

Table des matières

Préface

Intro­duc­tion

PREMIÈRE PARTIE. UNE MIGRATION FAVORISÉE ? LES PREMIERS TEMPS DE L’IMMIGRATION FAMILIALE EN SITUATION COLONIALE (1945–1962)

Chapitre 1. Les pion­nières : familles immi­grées avant 1954
Contexte et moti­va­tions de l’émigration familiale
Les premières familles algé­riennes en métro­pole : des « privilégiées » ?
Encou­rager l’immigration fami­liale algé­rienne ? Pouvoirs publics et experts face à un nouveau phénomène
Problèmes métho­do­lo­giques et biais de recherche des études sur les familles algériennes

Chapitre 2. Le tour­nant de la guerre d’indépendance : préca­ri­sa­tion et mise sous contrôle (Nanterre 1954–1962)
Violences de guerre et déve­lop­pe­ment des bidon­villes à Nanterre
Logique de contrôle et exclu­sion (1958–1962)
Limiter les arri­vées de familles en métropole

Chapitre 3. Entre préca­rité et ancrage local : la vie fami­liale dans l’ouest de la Seine vers 1960
Les bidon­villes de Nanterre : lieux de passage, « villages » algé­riens ou quar­tiers ouvriers ?
À Boulogne-Billan­court et Puteaux, une inté­gra­tion locale variable

DEUXIÈME PARTIE. LE REGROUPEMENT FAMILIAL, UNE HISTOIRE DE LOGEMENT (1962-MILIEU DES ANNÉES 1970)

Chapitre 4. Enca­drer les arri­vées des familles après l’indépendance
Les bidon­villes, un prétexte pour limiter l’immigration fami­liale (1962–1965)
Les familles, objets secon­daires des négo­cia­tions diplo­ma­tiques (1962–1968)
Des circu­laires d’application à l’origine d’une procé­dure longue et complexe (1964–1968)
Une migra­tion sous surveillance : le contrôle des entrées et du séjour en pratique

Chapitre 5. Margi­na­li­sa­tion et norma­li­sa­tion : l’habitat fami­lial dans les Hauts-de-Seine (1962–1976)
Le devenir des bidon­villes de Nanterre pendant les années 1960 : des terri­toires aban­donnés par les pouvoirs publics
Les habi­tants des cités de transit, une popu­la­tion mise à l’écart
Les familles du regrou­pe­ment fami­lial : un accès au parc « ordi­naire » qui repose sur l’emploi et l’enracinement local

Chapitre 6. Loger et répartir les étran­gers : un enjeu entre l’État et les communes à partir de la fin des années 1960
Les résul­tats contrastés des poli­tiques de loge­ment des étrangers
Maires et préfets du sud-est face aux familles algériennes
Dans les Hauts-de-Seine, les Algé­riens au cœur des tensions entre préfec­ture et muni­ci­pa­lités communistes

TROISIÈME PARTIE. ENRACINEMENT ET EXCLUSION (DU DÉBUT DES ANNÉES 1970 AU DÉBUT DES ANNÉES 1980)

Chapitre 7. Nouvelles dyna­miques démo­gra­phiques et sociales à la fin des Trente Glorieuses
Accé­lé­ra­tion des circu­la­tions, baisse des instal­la­tions après 1968
Une crois­sance démo­gra­phique égale­ment liée aux nais­sances sur place
Les familles regrou­pées : une popu­la­tion en voie d’intégration socio-économique
Les nouveaux venus quali­fiés et bien logés

Chapitre 8. Les Algé­riens et le droit au regrou­pe­ment fami­lial de 1976 : retour sur une idée reçue
L’obsession algé­rienne et la remise en cause de l’immigration fami­liale (1968–1974)
Les tenta­tives de ferme­ture de l’immigration fami­liale (1974–1975)
La recon­nais­sance du droit au regrou­pe­ment fami­lial, un acquis fragile et tardi­ve­ment ouvert aux Algé­riens (1976–1986)

Épilogue. Être un jeune Algé­rien en banlieue au début des années 1980
Les cités de transit de l’ouest pari­sien face à la crise écono­mique et aux discriminations
Les réac­tions des jeunes algé­riens de Nanterre

Conclu­sion

Annexes

Guide des services admi­nis­tra­tifs dédiés aux « Fran­çais musul­mans d’Algérie » puis aux étran­gers après l’indépendance

Sources

Biblio­gra­phie

Index des noms et des lieux

Remer­cie­ments

Table des sigles

Table des figures, tableaux et graphiques