Comment les diplômés d’origine subsaharienne réagissent-ils aux discriminations ?

Spécialiste de l’étude du racisme, des discriminations et des comportements politiques, Élodie Druez termine actuellement une thèse sur l’expérience de la racisation1 (concept sociologique utilisé pour englober l’ensemble des attitudes, propos ou comportements qui se réfèrent à la race) de diplômés descendants d’immigrés d’origine subsaharienne à Paris et à Londres et les conséquences que cela a sur leur rapport au politique.

Pour ces diplômés de la deuxième génération d’immigration subsaharienne, la question raciale est présente au quotidien dans toutes sortes d’interactions sociales. En comparant la deuxième génération en France et en Grande-Bretagne, la politologue montre que les Français d’origine subsaharienne minimisent ces expériences alors que les Britanniques politisent le racisme et les discriminations dont ils sont l’objet. Dans les deux cas, le diplôme du supérieur et le statut social qu’il garantit ne protège pas de la racisation.

1 (Note des coor­di­na­teurs scien­ti­fiques) En socio­logie, les chercheur·e·s utilisent les termes racia­li­sa­tion ou raci­sa­tion pour rendre compte du carac­tère dyna­mique de la forma­tion raciale et du carac­tère socia­le­ment construit des caté­go­ries raciales. Le terme racia­li­sa­tion, utilisé dès 1961 par Frantz Fanon, domine les sciences sociales états-uniennes et britan­niques. Il désigne à la fois la forma­tion des groupes raciaux quels qu’ils soient (« blancs », « noirs », « asia­tiques, etc.) et l’as­si­gna­tion des indi­vidus à ces groupes. En fran­çais, le terme raci­sa­tion s’est aussi imposé, à la suite notam­ment des travaux de Colette Guillaumin. Il désigne, de manière géné­rale, l’as­si­gna­tion racia­li­sante à un groupe mino­ri­taire (c’est-à-dire consi­déré comme non blanc). En cela, le processus de raci­sa­tion comprend les expé­riences de racisme et de discri­mi­na­tions raciales.

Pour aller plus loin
L’auteur

Élodie Druez est docto­rante en science poli­tique et en socio­logie, ratta­chée à l’Ins­titut national d’études démo­gra­phiques (Ined) et à Sciences Po Paris au Centre d’études euro­péennes et de poli­tique comparée (CEE). Elle est fellow de l’Ins­titut Conver­gences Migrations.

Citer cet article

Élodie Druez, « Comment les diplômés d’origine subsa­ha­rienne réagissent-ils aux discri­mi­na­tions ? », in : Solène Brun et Patrick Simon, Dossier « Classes supé­rieurs et diplômés face au racisme et aux discri­mi­na­tions en France », De facto [En ligne], 13 | novembre 2019, mis en ligne le 20 novembre 2019. URL : https://www.icmigrations.cnrs.fr/2019/11/18/defacto-013–02

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