« L’accès à la propriété en France reste moindre pour les immigrés d’Afrique du Nord », entretien avec Mathieu Solignac, Le Monde, 8 oct. 2019

Une récente étude menée par deux universitaires analyse les causes des inégalités entre Français natifs et immigrés nord-africains pour devenir propriétaire.

Un immigré origi­naire du Maroc, de Tunisie ou d’Algérie vivant en France aura nette­ment moins de chance qu’un indi­vidu né en France de devenir proprié­taire d’un bien immo­bi­lier dans ce même pays. C’est le constat saisis­sant d’une étude publiée en juin par Matthieu Soli­gnac, cher­cheur à l’université de Bordeaux ainsi qu’à l’Institut national d’études démo­gra­phiques, et Laurent Gobillon, direc­teur de recherche au CNRS.

Même si les dernières données analy­sées datent de 1999, ce sujet ne pouvant être étudié que sur le temps long, les chiffres les plus récents fournis par l’Insee confirment bien la tendance : fin 2008, seule­ment 25 % des immi­grés origi­naires du Maghreb, âgés de 18 à 50 ans, étaient proprié­taires de leur loge­ment en France, contre 55 % des natifs de la même tranche d’âge.

Comment avez-vous réalisé cette étude ?

Matthieu Soli­gnac : Nous avons analysé le taux de proprié­taires chez les natifs et les immi­grés d’Afrique du Nord sur la base des recen­se­ments de la période de 1975 à 1999. Chez les natifs, la propor­tion de proprié­taires passe de 40 % en 1975 à 50 % en 1999, tandis que pour les immi­grés d’Afrique du Nord, le taux débute à 8 % en 1975 et n’atteint même pas 20 % en 1999 ! Cela s’explique pour partie par les flux migra­toires tout au long de cette période, car certains immi­grés sont repartis en Afrique du Nord et de nouveaux se sont installés en France. Parmi ceux qui sont restés en France entre 1975 et 1999, la propor­tion de proprié­taires passe de 10 à 34 %, mais l’écart avec les natifs présents aux deux dates s’accroît de dix points.

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