Une récente étude menée par deux universitaires analyse les causes des inégalités entre Français natifs et immigrés nord-africains pour devenir propriétaire.
Un immigré originaire du Maroc, de Tunisie ou d’Algérie vivant en France aura nettement moins de chance qu’un individu né en France de devenir propriétaire d’un bien immobilier dans ce même pays. C’est le constat saisissant d’une étude publiée en juin par Matthieu Solignac, chercheur à l’université de Bordeaux ainsi qu’à l’Institut national d’études démographiques, et Laurent Gobillon, directeur de recherche au CNRS.
Même si les dernières données analysées datent de 1999, ce sujet ne pouvant être étudié que sur le temps long, les chiffres les plus récents fournis par l’Insee confirment bien la tendance : fin 2008, seulement 25 % des immigrés originaires du Maghreb, âgés de 18 à 50 ans, étaient propriétaires de leur logement en France, contre 55 % des natifs de la même tranche d’âge.
Comment avez-vous réalisé cette étude ?
Matthieu Solignac : Nous avons analysé le taux de propriétaires chez les natifs et les immigrés d’Afrique du Nord sur la base des recensements de la période de 1975 à 1999. Chez les natifs, la proportion de propriétaires passe de 40 % en 1975 à 50 % en 1999, tandis que pour les immigrés d’Afrique du Nord, le taux débute à 8 % en 1975 et n’atteint même pas 20 % en 1999 ! Cela s’explique pour partie par les flux migratoires tout au long de cette période, car certains immigrés sont repartis en Afrique du Nord et de nouveaux se sont installés en France. Parmi ceux qui sont restés en France entre 1975 et 1999, la proportion de propriétaires passe de 10 à 34 %, mais l’écart avec les natifs présents aux deux dates s’accroît de dix points.
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