Immigration : les associations appellent à revenir à la « réalité » du terrain
(Extrait)
« Entre l’AME, le regroupement familial, la générosité des prestations sociales… On voudrait nous faire croire que nous serions devenu le pays le plus attractif pour les migrants. Le problème, c’est que tout ceci est absolument inexact. Le débat repose sur une base objective qui est fausse », balaie François Héran lors d’une conférence de presse de l’Institut Convergences Migrations, qu’il dirige.
Everest contre Morvan
Certes, concède le titulaire de la chaire Migrations et société au Collège de France, la demande d’asile augmente. Certes, elle talonne désormais l’Allemagne, au deuxième rang européen. Mais la comparaison s’arrête là, explique celui qui a été auditionné mi-septembre par la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée en vue du débat.
Car en valeur relative, rapportée à la population, « la France n’est pas deuxième en demande d’asile, elle est à peu près à la 11e place en Europe », insiste-t-il.
« On se rapproche de la moyenne, sans plus. Et si on rajoute les revenus par habitant, nous rétrogradons au 17e rang européen », poursuit François Héran.
Les courbes de croissance de l’asile en Allemagne (-50 % entre 2017 et 2019) et en France (+25 %) sont d’autant plus à relativiser, selon M. Héran, que la France a « réussi à passer au travers » de cette demande massive au plus fort de la crise migratoire des années 2015 et 2016.
« L’Allemagne descend de l’Everest. Et nous montons le Morvan », résume-t-il.
Autre thème du débat décortiqué par les chercheurs : l’« appel d’air » supposé suscité par les prestations sociales en France.
« Les soins sont l’une des dernières raisons » d’immigrer, estime durant la même conférence de presse Annabel Desgrées du Loû, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Elle en veut pour preuve, par exemple, que « plus de 90 % des VIH sont découverts en France » et non dans le pays d’origine.