PUBLI : Matthieu Tardis, Une autre histoire de la « crise des réfugiés » – La réinstallation dans les petites villes et les zones rurales en France, Études de l’Ifri, Juillet 2019

Depuis 2015, les programmes de réins­tal­la­tion des réfu­giés ont connu une progres­sion impor­tante en Europe au point de devenir un élément central de la stra­tégie euro­péenne d’asile. En 2017, le président de la Répu­blique a pris l’en­ga­ge­ment de réins­taller 10000 réfu­giés en France d’ici la fin de l’année 2019. Ces réfu­giés syriens et d’Afrique subsa­ha­rienne sont de plus en plus accueillis dans des petites villes et des zones rurales.

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L’accueil des réfu­giés dans les petites villes soulève un certain nombre de défis. Ces terri­toires sont souvent moins habi­tués à rece­voir ces popu­la­tions et ne disposent pas des mêmes moyens humains et finan­ciers que les grandes villes pour adapter leurs services aux besoins des réfu­giés. L’absence d’opportunités, notam­ment profes­sion­nelles, affecte l’attractivité de ces terri­toires pour les nouveaux arri­vants. De plus, la montée continue de l’extrême droite en France depuis les années 1980 peut consti­tuer un obstacle poli­tique au déve­lop­pe­ment de l’accueil des migrants et des réfu­giés dans les petites et moyennes villes.

Pour­tant, cette étude montre une tout autre image des petites villes et des zones rurales. Réalisée sur la base d’une quaran­taine d’entretiens avec des acteurs travaillant dans 14 dépar­te­ments et sur deux visites de terrain, les conclu­sions de cette étude contre­disent les idées reçues sur ces terri­toires. Ce sont des espaces de soli­da­rité et d’opportunités pour les réfu­giés. Ces derniers ne sont pas de nouveaux arri­vants anonymes mais deviennent rapi­de­ment de nombreux membres de la commu­nauté locale. De même, les acteurs locaux font preuve d’innovation pour répondre aux besoins spéci­fiques des réfu­giés d’une manière plus ou moins formelle mais géné­ra­le­ment efficace.

Cette image posi­tive de l’ac­cueil et de l’in­té­gra­tion des réfu­giés ne peut cacher les diffi­cultés rencon­trées dans ces terri­toires, notam­ment autour de la mobi­lité, de l’accès aux soins ou de l’ap­pren­tis­sage du fran­çais. Cepen­dant, la forte mobi­li­sa­tion de la popu­la­tion locale compense large­ment ces handi­caps et constitue un formi­dable accé­lé­ra­teur d’in­té­gra­tion. Par exemple, l’in­ser­tion profes­sion­nelle est faci­litée par ces réseaux inter­per­son­nels dans des terri­toires où la main d’oeuvre manque.

Cette étude souligne égale­ment que les problé­ma­tiques rencon­trées dans les petites villes et les zones rurales ne sont pas spéci­fiques aux réfu­giés. Les problèmes de mobi­lités, les déserts médi­caux et la dispa­ri­tion des services publics pèsent égale­ment sur le quoti­dien des popu­la­tions locales. Mais les acteurs de ces terri­toires ont fait preuve d’in­no­va­tion dans l’ac­cueil des réfu­giés qui sont autant d’en­sei­gne­ments pour les grandes villes et pour l’avenir des poli­tiques migra­toires en France.

Cette étude est publiée en coopé­ra­tion avec ICMC Europe dans le cadre du projet SHARE intégration.

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