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- français
- Page de référence : https://www.ifri.org/fr/publications/etudes-de-lifri/une-histoire-de-crise-refugies-reinstallation-petites-villes-zones
Depuis 2015, les programmes de réinstallation des réfugiés ont connu une progression importante en Europe au point de devenir un élément central de la stratégie européenne d’asile. En 2017, le président de la République a pris l’engagement de réinstaller 10000 réfugiés en France d’ici la fin de l’année 2019. Ces réfugiés syriens et d’Afrique subsaharienne sont de plus en plus accueillis dans des petites villes et des zones rurales.
L’accueil des réfugiés dans les petites villes soulève un certain nombre de défis. Ces territoires sont souvent moins habitués à recevoir ces populations et ne disposent pas des mêmes moyens humains et financiers que les grandes villes pour adapter leurs services aux besoins des réfugiés. L’absence d’opportunités, notamment professionnelles, affecte l’attractivité de ces territoires pour les nouveaux arrivants. De plus, la montée continue de l’extrême droite en France depuis les années 1980 peut constituer un obstacle politique au développement de l’accueil des migrants et des réfugiés dans les petites et moyennes villes.
Pourtant, cette étude montre une tout autre image des petites villes et des zones rurales. Réalisée sur la base d’une quarantaine d’entretiens avec des acteurs travaillant dans 14 départements et sur deux visites de terrain, les conclusions de cette étude contredisent les idées reçues sur ces territoires. Ce sont des espaces de solidarité et d’opportunités pour les réfugiés. Ces derniers ne sont pas de nouveaux arrivants anonymes mais deviennent rapidement de nombreux membres de la communauté locale. De même, les acteurs locaux font preuve d’innovation pour répondre aux besoins spécifiques des réfugiés d’une manière plus ou moins formelle mais généralement efficace.
Cette image positive de l’accueil et de l’intégration des réfugiés ne peut cacher les difficultés rencontrées dans ces territoires, notamment autour de la mobilité, de l’accès aux soins ou de l’apprentissage du français. Cependant, la forte mobilisation de la population locale compense largement ces handicaps et constitue un formidable accélérateur d’intégration. Par exemple, l’insertion professionnelle est facilitée par ces réseaux interpersonnels dans des territoires où la main d’oeuvre manque.
Cette étude souligne également que les problématiques rencontrées dans les petites villes et les zones rurales ne sont pas spécifiques aux réfugiés. Les problèmes de mobilités, les déserts médicaux et la disparition des services publics pèsent également sur le quotidien des populations locales. Mais les acteurs de ces territoires ont fait preuve d’innovation dans l’accueil des réfugiés qui sont autant d’enseignements pour les grandes villes et pour l’avenir des politiques migratoires en France.
Cette étude est publiée en coopération avec ICMC Europe dans le cadre du projet SHARE intégration.