Hugo Bréant, « Étudiants africains : des émigrés comme les autres », Politix, n° 123, 2018/​3

Résumé de l’article

Étudiants afri­cains : des émigrés comme les autres. Sélec­ti­vité sociale du visa et (im)mobilités spatiales des étudiants inter­na­tio­naux como­riens et togolais

S’ils sont asso­ciés à des discours poli­tiques souli­gnant la forte attrac­ti­vité de la France, les étudiants étran­gers demeurent des étran­gers comme les autres, progres­si­ve­ment soumis à des poli­tiques de contrôle de leur entrée et de leur séjour. Les étudiants afri­cains sont en première ligne de ce processus de ferme­ture des fron­tières, à l’œuvre dès les consu­lats de France. Cet article propose de renverser la pers­pec­tive en obser­vant, non pas la produc­tion de la poli­tique des visas, mais les percep­tions et les pratiques des étudiants qui l’affrontent. Enquêter les parcours d’étudiants qui ont obtenu ou se sont vus refuser leur visa permet de saisir les logiques des inéga­lités qui persistent face à ce filtre consu­laire socia­le­ment très sélectif. Souvent captifs d’une procé­dure du visa étudiant diver­se­ment appro­priée, les étudiants déve­loppent diffé­rentes stra­té­gies pour s’accommoder de la fron­tière, ou la contourner, selon leurs propriétés sociales, leurs histoires fami­liales et leurs ressources indi­vi­duelles et collec­tives. Cette approche de l’action publique par le bas, et par ses usagers, permet de saisir comment l’inextricable enche­vê­tre­ment des fron­tières, à la fois poli­tiques et sociales, renforce l’immobilité spatiale des uns, mais surtout complexifie les mobi­lités des autres.