Diasporas à l’échelle des continents

François Héran, démographe 

Le graphique remet en pers­pec­tive les migra­tions afri­caines dans l’ensemble mondial des diasporas. Il ne s’agit pas de flux annuels mais d’effectifs accu­mulés au fil du temps (« inter­na­tional migrant stock », dans le langage des démo­graphes de l’Onu).

Avec 100 millions de personnes, les immi­grés Sud-Sud (c’est-à-dire nés dans un pays du Sud et rési­dant dans un autre pays du Sud) dépassent en effec­tifs les autres diasporas. Rares sont ceux qui vont d’un conti­nent à l’autre, d’où l’absence de flèches hori­zon­tales dans la partie infé­rieure du graphique. Viennent en tête les migra­tions internes à l’Asie (65 millions de personnes), qui incluent les travailleurs de l’Asie du sud recrutés dans les pays du Golfe. Suivent les migra­tions internes à l’Afrique (21 millions), essen­tiel­le­ment au sein de l’Afrique subsaharienne.

Sur l’ensemble des migrants Sud-Nord, la diaspora la plus fournie est celle des Hispa­niques présents aux États-Unis : 25 millions de personnes, mexi­caines pour moitié. Les Afri­cains rési­dant en Europe, Magh­ré­bins compris, ne repré­sentent que 10 millions de migrants, deux fois moins que les diasporas asia­tiques (21 millions). Ces dernières viennent surtout de Turquie, de Chine, de l’Asie du sud et du Moyen-Orient.

La migra­tion Nord-Nord surprend par son ampleur : 42 millions de personnes. Elle est essen­tiel­le­ment euro­péenne (tant sont faibles les échanges entre les États-Unis et le Canada). Elle comprend les migrants nés en Europe du sud et de l’est qui résident actuel­le­ment dans le nord ou l’ouest de l’Europe, mais aussi les citoyens de l’Union euro­péenne qui ont profité du régime de libre instal­la­tion : Anglais en France, Alle­mands en Espagne, Polo­nais en Grande-Bretagne, etc.

La Source

La Matrice bila­té­rale des diasporas dressée par le FMI, la Banque mondiale et l’OCDE donne une esti­ma­tion du nombre de migrants par origine et par desti­na­tion entre les 215 pays ou terri­toires de la planète. Le critère retenu pour l’origine est le pays de nais­sance (ou, à défaut, la nationalité).

Dans sa dernière version, en 2018, la base compile ou extra­pole les données des recen­se­ments et des enquêtes aux envi­rons de l’année 2015, alors que la « crise » euro­péenne des migrants commen­çait seule­ment à se manifester.



Crédits images : Fran­çois Héran

Auteur

Fran­çois Héran est profes­seur au Collège de France et direc­teur de l’Ins­titut Conver­gences Migrations.

Pour citer cet article

Fran­çois Héran, « Diasporas à l’échelle des conti­nents », De facto [En ligne], 1 | novembre 2018, mis en ligne le 14 novembre 2018. URL : https://​www​.icmi​gra​tions​.cnrs​.fr/​2​0​1​8​/​1​1​/​1​3​/0003/

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